F-35 : le torchon brûle
entre Lockheed Martin et le Pentagone

Le 20/09/2012 à 11:43 | Par François Julian


Un général de l'US Air Force a qualifié les mauvaises relations avec Lockheed Martin de principale menace pesant sur l’avenir du F-35

Un pas en avant, deux pas en arrière. Voilà qui résume bien le déroulement du programme Joint Strike Fighter (JSF), tant chaque bonne nouvelle ne fait que précéder l’annonce de problèmes supplémentaires.

Cette fois, c’est l’US Air Force qui n’y est pas allé de main morte. "C’est le pire programme auquel j’ai participé", a déclaré le Général de l’US Air Force Christopher Bogdan, directeur adjoint du programme JSF au Pentagone. Ce dernier s’exprimait le 17 septembre dernier lors de la convention annuelle de l’Air Force Association à Washington.

Cinquième lot de production

Pour le Pentagone, la coupe est pleine. Le Général Bogdan reproche notamment à Lockheed Martin de ne pas faciliter les négociations concernant l’achat du cinquième lot de production de F-35 (LRIP 5) contenant 30 exemplaires pour les forces américaine. "On ne devrait pas passer 10, 11 voire 12 mois à négocier avec quelqu’un avec qui on fait des affaires depuis 11 ans".

Ce dernier n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier les mauvaises relations entre Lockheed Martin et le Pentagone de principale menace pesant sur l’avenir du F-35.

De même, plus question aujourd’hui d’allouer des financements supplémentaires à l’avionneur américain, sachant que ce dernier a déjà bénéficié en début d’année d’un joli coup de pouce avec l’allocation de plusieurs milliards de dollars supplémentaires, en plus d’une extension de délais pour la phase de développement et de démonstration (SDD).

Le Pentagone a même menacé de mettre Lockheed Martin en compétition avec d’autres sociétés pour assurer la maintenance des avions en service…

Quarante-cinq F-35 ont déjà volé

Concernant les essais, où en est on ? A ce jour, ce sont 45 exemplaires de F-35 qui ont déjà volé, et le tout premier F-35 (AA-1) a été retiré du service. Sur ces quarante cinq avions, 12 sont affectés uniquement aux essais en vol dans le cadre de la phase SDD avec 6 F-35A sur la base d’Edwards AFB et 5 F-35B et 3 F-35C au centre d’essais US Navy de Patuxent River.

Ce sont également 19 avions qui sont stationnés sur la base d’Eglin AFB en Floride. Affectés au 33d Fighter Wing, une unité multi-service (USAF/US Navy/US Marine Corps) ces avions doivent servir à la formation des premiers pilotes américains et internationaux.

Lockheed Martin a également fait voler les deux premier F-35B destinés à la Grande Bretagne (BK-1 et BK-2) ainsi que le premier destiné au Pays-Bas (AN-1).

Au total, ces 45 avions ont accumulé 4.390 heures d’essais au cours de 2.700 vols.

Durant ces derniers mois, plusieurs jalons importants ont été franchis, comme la réalisation au début du mois d’août du premier essai de séparation avec une munition, en l’occurrence une bombe Jdam GBU-32.

Plus récemment, ce sont des essais de rallumage moteur en plein vol qui ont été menés avec succès, ce qui va ouvrir la voie aux vols à fort angle d’attaque. En effet c’est durant ce type de vol que le moteur est le plus susceptible d’être victime d’une extinction suite à un phénomène de pompage.

Viseur de casque

Reste encore et toujours les difficultés dans la mise au point des systèmes avioniques. Tout particulièrement le viseur de casque de Vision Systems International (Rockwell Collins/Elbit) dont la mise au point compliquée pourrait ne pas être terminée pour 2015, date à laquelle les Marines américains doivent déclarer opérationnelle une première unité de F-35B.

Lockheed Martin étudie toujours la possibilité de doter son avion d’un deuxième modèle de viseur de casque, moins compliqué, fourni par BAE Systems.

Pour mémoire, l’absence de collimateur tête haute (HUD) sur le F-35 rend indispensable la présence d’un viseur de casque performant, doté notamment d’un système de vision nocturne.

L’autre gros chantier, c’est la mise au point du logiciel de l’avionique de bord. Pour l’heure, les avions sont livrés avec un standard logiciel intérimaire baptisé Block 2A. La mise en service du standard Block 2B est imminente, tout en sachant que le développement du standard Block 3, c'est-à-dire "bon pour le service opérationnel", est encore loin d’être achevé.