David Descôteaux

David Descôteaux

David Descôteaux est un des chroniqueurs économiques les plus lus au Québec. Son regard sur les enjeux économiques qui préoccupent chaque jour les Québécois fait jaser et réagir.
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Si le Québec veut éviter de finir comme la Grèce, il faut qu’on vous éduque, contribuables, à payer vos taxes et vos impôts. C’est le président de l’Agence du revenu du Québec, Jean-St-Gelais, qui l’a dit à laPresse Canadienne en début de semaine. Si la Grèce est en quasi-faillite, voyez-vous, c’est parce qu’acquitter ses obligations fiscales n’est pas dans les mœurs de cette société.
Il faudrait plutôt que nous, on fasse comme les pays scandinaves, a dit M. St-Gelais. Là-bas, l’évasion fiscale est « mal vue ». Et ça devrait être tout aussi mal vu ici.
Deux petits problèmes
Ce n’est pas seulement un problème d’évasion fiscale qui a coulé la Grèce. La Grèce est aussi dans le trouble parce qu’elle a vécu au-dessus de ses moyens. Avant de joindre la zone euro, mais encore plus après. Ses dépenses publiques ont fortement augmenté, et les salaires du secteur public ont presque doublé. L’évasion fiscale s’est aussi répandue, et ça a empiré le problème. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la réputée chaîne BBC.
Vivre au-dessus de ses moyens, ça vous rappelle une province?
Et faire comme les Scandinaves? Si cacher de l’argent au fisc est mal vu chez les Suédois, les Danois ou les Norvégiens, il faudrait peut-être se demander pourquoi. Serait-ce parce que dans la plupart de ces pays, l’État gère de façon plus efficace, décentralisée, et offre de meilleurs services, notamment en accordant une grande place à la concurrence et au privé dans de nombreux domaines (santé, transport, etc.)? Là-bas, l’État coûte cher aux citoyens en taxes et en impôts. Mais au moins, les gens ont l’impression d’en avoir pour leur argent. Peut-on dire la même chose ici?
Faites ce que je dis
Mais peu importe. Pour nous éduquer à payer nos impôts, on va faire ce qu’on fait de mieux : dépenser. Beaucoup. Plus de 5 millions $ pour « redéfinir l’image » de Revenu Québec. Nouveau logo, grosse campagne de pub à la télé et sur le web… Je comprends qu’une agence gouvernementale doive dépenser en publicité à l’occasion. Je comprends aussi que l’évasion fiscale est un réel problème, et qu’il faut s’y attaquer. Mais cinq millions de dollars?
En cette époque où on se serre supposément la ceinture, ça n’aurait pas été plus simple d’embaucher Messmer, et faire une grande séance collective d’hypnose?
Rappelez-vous 2010. Le gouvernement nous disait que la publicité serait un des premiers endroits où le gouvernement allait couper. C’était très sérieux! On allait sabrer les budgets de publicité de 25 % dans l’appareil gouvernemental. Eh ben!
Coïncidence…
Le plus drôle, c’est que le même jour où le fisc dit qu’il faut nous éduquer, on apprenait que le gouvernement va ajouter 2200 fonctionnaires permanents d’ici deux ans (des « précaires » qui deviennent permanents). Dont 150 à l’Agence du revenu. Ça s’ajoute aux 1000 embauches prévues au ministère des Transports. Ajoutez pour tout ce beau monde des régimes de retraite blindés, qui vont s’ajouter au lourd passif des régimes de retraite de l’État.
Pendant ce temps, la « juste part » du gouvernement consiste surtout à taxer, et essayer d’aller chercher le plus d’argent possible avec son Agence du revenu. Cherchez l’erreur.
Augmenter les revenus en exploitant nos ressources, s’attaquer sérieusement aux paradis fiscaux, à la source de la corruption, à la contrebande, faire le ménage dans vos dépenses… ça ne vous tente pas?
Si on veut éviter le sort de la Grèce, comme le souhaite M. St-Gelais, j’ai l’impression que ce n’est pas seulement le contribuable qu’on doit éduquer.

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Jocelyn T. dit :
Et dire que l’impôt sur le revenu avait été mis en place temporairement !
Petit historique:
La première loi relative à l’impôt sur le revenu a vu le jour pendant la Première Guerre mondiale alors que le gouvernement canadien cherchait de nouvelles sources de liquidités pour financer l’effort de guerre. À l’origine, cette mesure devait être temporaire et la loi abrogée dès la fin de la guerre, mais il n’en fut rien puisque l’impôt sur le revenu se révéla être beaucoup plus lucratif que les droits de douanes et les taxes d’accise qui constituaient alors la principale source de revenus du gouvernement du Canada. D’une grande simplicité, la Loi n’avait qu’une dizaine de pages, contre plus de 5000 aujourd’hui!
Le contexte social et politique a évolué et une première refonte de la loi fut effectuée en 1948. À force d’amander la loi, une réforme majeure s’imposa pour actualiser le système fiscal. Au bout de dix ans de difficiles travaux, la nouvelle et actuelle Loi de l’impôt sur le revenu entra en vigueur le 1er janvier 1972.
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