- 12 avril 2012
On le réalise un peu plus chaque jour. Une bonne partie des gens contre la hausse des frais de scolarité le sont surtout par idéologie. Ils défendent un principe, un idéal. Ils évacuent de leur discours les contraintes du réel. Comme le budget. Peu importe que la dette nous sorte par les oreilles, il faut que l’éducation soit gratuite. Point!
Heureusement, certains sont plus allumés.
Des leaders étudiants d’associations universitaire (FEUQ) et collégiale (FECQ) proposent enfin de couper dans le gras! Des compressions de 300 millions $ sur cinq ans dans la gestion des universités, pour réinvestir l’argent dans la recherche et l’enseignement. Notamment en gelant des fonds liés à l’informatique, aux communications ou aux investissements immobiliers. En sabrant les budgets de gestion, et en diminuant les salaires des recteurs universitaires. (Personnellement, je me serais aussi attaqué à leurs pensions parfois scandaleuses, mais bon.)
Le but : limiter la hausse des droits de scolarité, tout en évitant d’accroître le fardeau fiscal des Québécois.
Il était temps!
Depuis quelque temps, je décourageais. Non seulement les étudiants semblent complètement déconnectés des réalités économiques de notre province, mais une bonne partie de la population aussi. Imaginez quand les vraies coupures tomberont! (Car elles viendront, préparez-vous. Les frais de scolarité ne sont qu’un début.)
On semble enfin réaliser que ce sont les contribuables québécois qui payent la « gratuité » scolaire, et non Jean Charest. Et que l’argent ne pousse pas dans les arbres.
Et en passant, pourquoi s’arrêter à 300 millions $? Du gras à couper, il y en a partout. Des fonds inutiles, des cadres trop payés et du gaspillage, ça existe dans tous les ministères. Probablement assez pour financer un gel des frais de scolarité jusqu’à 2084!
Qu’on se comprenne : les frais de scolarité devraient être ajustés à l’inflation, au minimum. Mais si vous me dites que l’accès à l’éducation doit être au sommet des priorités de l’État, alors ok. Ça se défend. Mais dans ce cas, vous avez la responsabilité de choisir ce qu’on sacrifie en échange de la gratuité scolaire. Car il existe une réalité budgétaire. Et si on ne sacrifie rien en échange, on perpétue cette logique destructrice qui consiste à croire que tout est gratuit. Qu’on n’a jamais à faire de choix. Cette logique qui nous entraîne chaque année plus près du gouffre. Et qui laisse aujourd’hui une dette de 250 milliards $ à nos enfants.
Les illuminés
Au sein du mouvement étudiant, une frange de communistes en herbe utilise les frais de scolarité comme moyen pour passer ses messages. Une poignée d’illuminés qui rêvent de transformer le Québec en Cuba à -30 degrés. Mais ça ne signifie pas qu’il faille aveuglément dénoncer les étudiants qui manifestent. N’oublions pas que cette hausse, c’est une autre tentative du gouvernement Charest de piger dans les poches de la population, pendant qu’il refuse de faire le ménage dans les dépenses de sa pieuvre gouvernementale. Vue sous cet angle, la hausse des droits de scolarité est aussi déplorable que les hausses de taxes sur l’essence, ou de la TVQ.
Il y a peu de chance que le gouvernement écoute. Mais en proposant des choix budgétaires, en plaçant Jean Charest devant son inaptitude à prioriser les dépenses de l’État, le mouvement étudiant a plus de chances de susciter la sympathie chez celui qui paye la facture : le contribuable. Beaucoup plus qu’en défendant à tout prix le statu quo. Comme un vulgaire groupe d’intérêt.

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