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YGREC
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Vénus 1, Mars 0...

BENOÎT AUBIN
30/10/2011 09h33





Le gouvernement avait une arme secrète de dissuasion massive. Personne ne l'avait vue venir, et surtout pas les fins stratèges syndicaux, qui s'apprêtaient à faire entendre raison au gouvernement en roulant des mécaniques dans les chantiers de la province la semaine dernière.

Lise Thériault a l'air d'une madame qui travaille au centre-ville: tailleur, bijoux discrets, coiffure passe-partout.

On pourrait l'imaginer en agent immobilier. Ou figurant dans une réclame du mouvement Desjardins, ou encore, offrant des chocolats chauds à l'équipe de hockey de sa fille un samedi matin chez Tim Hortons.

Ce n'est pas à quelqu'un comme elle qu'on pense en premier quand l'équipe adverse envoie ses goons sur la patinoire pour corser le jeu.

Justement.

Dans une semaine électrisante, dangereuse et pleine de rebondissements, Lise Thériault, la ministre du Travail, a réussi, de brillante façon, un grand chelem rare en politique.

La triple couronne

Elle a désamorcé une vague de débrayages qui aurait pu s'envenimer, elle a déstabilisé les plus puissants leaders syndicaux du Québec et gagné la sympathie du public à son projet de loi contesté - au sujet duquel elle n'a fait aucun compromis.

La question est: un homme aurait-il pu faire aussi bien? Sans rien enlever au mérite personnel de Mme Thériault: probablement pas.

Mme Thériault a gagné sa bataille parce qu'elle est parvenue à amener le conflit et ses adversaires sur son terrain à elle et à les définir, ainsi que ses objectifs, dans ses propres termes.

Code de conduite

Les jeunes hommes apprennent à socialiser, à déterminer leur rang et leur valeur en se confrontant - sur la patinoire, dans la cour d'école, à la porte des bars.

Il en résulte un code de conduite, une loi non écrite du comportement que tous les hommes partagent, même si le recours à la violence ne fait pas partie de leurs moyens de résoudre les conflits.

La ministre vient d'ailleurs...

Un ministre à qui on menace de casser les jambes réagira en... homme, promettant de se battre jusqu'au bout.

Lise Thériault, elle, dit que les menaces renforcent sa détermination. Mais l'image disait plutôt: c'est qui l'ordure qui menace une femme?

Un ministre qui aurait dit au début d'une consultation publique que son idée est faite et qu'il n'en changera pas passerait pour un «maudit baveux», ce qui entraîne des représailles.

Lise Thériault dit la même chose, c'est de la fermeté.

Crise désamorcée

Les débrayages «spontanés» étaient clairement une provocation, une invitation à se battre.

Lise Thériault, elle, a plutôt pris la défense des... travailleurs, contre le corporatisme de leurs... syndicats: «Ce sont des jeunes de 20, 25, 30 ans qui ont des familles, qui veulent payer leur hypothèque. Vous les empêchez de travailler. C'est aberrant!»

Déroutés, les leaders syndicaux ont quitté Québec Gros-Jean comme devant. Le travail a repris sur les chantiers. Le projet de loi 33 est sur les rails.

Les leaders syndicaux reviendront sans doute à la charge, mais ils devront d'abord résoudre le puzzle: comment s'y prendre avec quelqu'un qui n'est pas comme eux, ne pense pas comme eux et n'a pas peur d'eux?

Les gros bras battus par une femme? Ha!