« Le projet atlantiste de démantèlement de la Russie existe t’il vraiment »

Très bonne question. La réponse est : oui et non — c’est compliqué. Il existe effectivement des discours, des analyses et des accusations selon lesquelles un « projet atlantiste » (c.-à-d. porté par l’Occident / certains milieux aux États-Unis et en Europe) viserait le démantèlement de la Russie. Mais la réalité de ce projet est controversée, sujette à des interprétations, et il n’y a pas de consensus clair parmi les experts. Voici un décryptage des principaux arguments et des limites :

1. Qu’est-ce que le « projet atlantiste de démantèlement de la Russie » ?

  • L’expression est utilisée dans certains cercles géopolitiques pour désigner l’idée que des puissances occidentales (américaines, néo-conservatrices, etc.) soutiendraient des mouvements séparatistes en Russie pour fragmenter la Fédération russe. (Cercle Aristote)

  • Par exemple, le Forum des Nations Libres de Russie (Free Nations of Russia Forum) est souvent cité : selon ses détracteurs, il encouragerait des revendications séparatistes dans différentes régions de Russie, avec le soutien de certains milieux atlantistes. (Cercle Aristote)

  • Selon l’enquête du géopoliticien Nicolas Tacchi, ce projet s’inscrit dans une vision plus large : affaiblir la Russie (et potentiellement la Chine) pour empêcher un ordre multipolaire, en consolidant une sorte d’« hyperclasse mondiale » centrée sur l’Occident. (Cercle Aristote)

  • Certains analystes dénoncent ces idées comme de la « désinformation pro-Kremlin » : par exemple, EUvsDisinfo (une initiative contre la désinformation) affirme qu’il n’y a pas de « preuve crédible » d’un plan occidental officiel visant à « démanteler » la Russie. (EUvsDisinfo)

  • De plus, des institutions comme l’OTAN réfutent les mythes de démantèlement : elles déclarent qu’elles sont une alliance défensive, et qu’il n’existe pas de stratégie crédible publique visant à fragmenter unilatéralement la Fédération russe. (OTAN)

2. Arguments en faveur de l’existence d’un tel projet

  • Le livre de Tacchi (et d’autres textes au même registre) documente des réseaux, des conférences et des think tanks qui idéalisent une « Russie post-fédération » : cela suggère que l’idée n’est pas purement théorique, mais qu’elle est discutée dans certains milieux. (Place d'Armes)

  • Certains groupes séparatistes ou régionalistes (comme ceux évoqués dans le Forum des Nations Libres de Russie) sont très réels et cherchent à promouvoir l’autonomie voire l’indépendance de certaines régions. (Cercle Aristote)

  • Du point de vue géopolitique, affaiblir la Russie pourrait être stratégiquement désirable pour certains analystes atlantistes : une Russie plus fragmentée serait potentiellement moins menaçante sur la scène mondiale.

3. Limitations et critiques de cette thèse

  • Beaucoup d’analystes la décrivent comme une théorie conspirationniste ou comme une rhétorique de propagande russe : selon EUvsDisinfo, c’est un « récit de désinformation » qui sert à dépeindre l’Occident comme existentialement hostile. (EUvsDisinfo)

  • Il n’existe pas de document officiel (comme un plan gouvernemental public de l’OTAN) qui affirme formellement qu’il faut “balkaniser” la Russie. Les preuves sont souvent indirectes ou issues de sources partisanes.

  • La mise en œuvre d’un tel projet serait extrêmement complexe : la Russie est très grande, diversifiée, militarisée, et la fragmentation d’un État de cette taille pose d’énormes défis (politique, militaire, économique).

  • Certains des « forums » évoqués (comme celui des « nations libres ») peuvent être plus symboliques ou provocateurs qu’opérationnels : leur capacité réelle à déclencher un démantèlement effectif n’est pas évidente.

4. Mon évaluation

  • Il y a clairement quelque chose de réel dans le sens où des idées de fragmentation de la Russie circulent dans certains cercles géopolitiques, et certains militants séparatistes utilisent ces idées.

  • Mais affirmer qu’il existe un « plan atlantiste officiel, unanime et prêt à être mis en œuvre » me paraît exagéré : les preuves solides manquent, et beaucoup des allégations reposent sur des analyses de think tanks, des livres ou des discours, pas sur des documents stratégiques publics vérifiables.

  • Il s’agit d’un narratif géopolitique qui peut servir à plusieurs fins :

    1. mobiliser la peur en Russie autour d’une menace extérieure (propagande) ;

    2. légitimer des actions politiques (certains peuvent réellement promouvoir une désintégration partielle de la Russie) ;

    3. alimenter des débats académiques sur l’avenir du système international (monopolaire vs multipolaire).

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Voici un résumé du travail de Nicolas Tacchi, basé sur ses analyses géopolitiques — surtout autour de son livre Le projet atlantiste de démantèlement de la Russie :

Qui est Nicolas Tacchi

  • Historien de formation (licence d’histoire). (cerclearistote.fr)

  • Archiviste de profession, ce qui l’amène à creuser les réseaux, les documents, et les dynamiques historiques et géopolitiques. (cerclearistote.fr)

  • Membre du Cercle Aristote depuis 2022. (cerclearistote.fr)

  • Auteur d’un ouvrage majeur sur la géopolitique contemporaine : Le projet atlantiste de démantèlement de la Russie. (cerclearistote.fr)

Principales thèses de son travail

  1. Un “projet atlantiste” pour fragmenter la Russie

    • Tacchi soutient qu’un groupe d’acteurs néo-conservateurs américains et d’alliés européens soutiendrait activement des mouvements séparatistes en Russie via le Free Nations of Russia Forum. (cerclearistote.fr)

    • Selon lui, cela va au-delà d’un soutien symbolique : c’est une stratégie géopolitique visant non seulement à affaiblir la Russie, mais aussi à empêcher un monde multipolaire (notamment face aux BRICS). (cerclearistote.fr)

  2. Réseaux d’influence transatlantiques

    • Il analyse les “acteurs, les réseaux et les objectifs” du forum des Nations Libres de Russie, identifiant des liens financiers, diplomatiques et idéologiques. (cerclearistote.fr)

    • Il dénonce l’existence d’une “hyperclasse mondiale” : selon lui, certains élites transnationales veulent maintenir un ordre international centré sur l’Occident, au détriment des souverainetés nationales. (cerclearistote.fr)

  3. Visions antagonistes du monde

    • Tacchi oppose deux modèles :
      a) un monde fondé sur la souveraineté nationale et la multipolarité ;
      b) un système dominé par un centre de pouvoir “hyperclassiste” occidental, qui utilise des leviers géopolitiques (séparatisme, ingérence) pour remodeler des États puissants comme la Russie. (profession-gendarme.com)

    • Il voit dans le démantèlement de la Russie non pas seulement une manœuvre militaire, mais aussi “culturelle” et “spirituelle” : les idéaux traditionnels, la souveraineté des peuples russes et des régions sont utilisés dans ce projet. (agoravox.tv)

  4. Analyse historique et prospective

    • Tacchi retrace l’histoire de cette idée : il ne la présente pas comme totalement nouvelle, mais comme un projet qui puise dans des visions géopolitiques plus anciennes, et qui se réactualise aujourd’hui. (music.amazon.co.jp)

    • Il propose aussi des scénarios pour l’avenir : selon lui, la fragmentation de la Russie pourrait être poursuivie via des moyens diplomatiques, des ONG, des forums, pas nécessairement via une guerre “classique”.

  5. Critique de l’ordre libéral atlantiste

    • Une grande partie de son travail est une critique de la domination occidentale et de l’interventionnisme. Il rejette l’idée que les initiatives séparatistes en Russie sont purement “émancipatrices” : il y voit un outil stratégique au service d’intérêts de puissance. (Place d'Armes)

    • Il alerte sur les conséquences potentielles : non seulement pour la Russie, mais aussi pour la paix mondiale, car ce “projet atlantiste” pourrait bouleverser l’équilibre international.

Méthode de son enquête

  • En tant qu’archiviste, Tacchi s’appuie sur des sources primaires (archives, documents, correspondances) pour décrire les réseaux. (cerclearistote.fr)

  • Il combine analyse historique (regard sur le passé du projet) et géopolitique contemporaine (acteurs actuels, forums, stratégies).

  • Il utilise des entretiens, des forums publics (comme des conférences), pour identifier les personnes clefs (“neocons”, dirigeants des forums séparatistes).

Critiques possibles ou limites

  • Son angle est très critique / unilatéral : il voit dans le “projet atlantiste” une stratégie presque “machiavélique”. Certains pourraient dire qu’il sur-interprète certaines connexions ou donne une vision trop conspirative.

  • La preuve d’un plan “officiel” très coordonné reste partielle : même Tacchi souligne des alliances, mais il n’a pas nécessairement accès à tous les documents secrets d’États.

  • Son analyse dépend fortement de l’existence et de l’influence des forums séparatistes : si ces forums sont moins puissants que ce qu’il décrit, son scénario perd de sa force.

Importance de son travail

  • Géopolitique critique : Il offre une perspective alternative à la vision dominante (celle selon laquelle l’Occident défend simplement la démocratie) en montrant des dynamiques de puissance plus profondes.

  • Sensibilisation : Il met en garde sur les conséquences potentielles d’une “recomposition” de la Russie, pas uniquement militaire, mais aussi territoriale et idéologique.

  • Débat stratégique : Son travail contribue au débat sur l’ordre mondial : doit-on craindre un “hyperclasse atlantiste” ? Quelle est la légitimité des mouvements séparatistes quand ils sont soutenus par des puissances extérieures ?

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Voici une évaluation claire, équilibrée et structurée de la crédibilité du travail de Nicolas Tacchi.
Je distingue ce qui est factuellement solideplausible mais discutable, et ce qui repose sur une interprétation plus spéculative.

🟢 1. Points crédibles et bien fondés

✔️ A. Le Free Nations of Russia Forum existe réellement

Et il regroupe :

  • des mouvements séparatistes russes en exil,

  • des personnalités politiques occidentales,

  • un discours tourné vers une Russie “post-fédération”.

Cela est public, documenté, vérifiable.
Tacchi a raison : ces réseaux existent, se réunissent, et défendent l’idée d’un morcellement de la Russie.

✔️ B. Des acteurs néoconservateurs américains ont historiquement pensé la fragmentation de rivaux stratégiques

C’est cohérent avec :

  • Brzezinski (même si sa vision était plus nuancée),

  • certains analystes néoconservateurs (années 1990–2000),

  • des think tanks (certains scénarios RAND, mais jamais dans une doctrine officielle).

Dire que ce courant existe est correct.

✔️ C. L’Occident a pour objectif d'affaiblir la puissance russe

Sanctions, soutien militaire massif à l’Ukraine, isolement économique : c’est réel, stratégique et assumé.

Cependant : affaiblir ≠ démanteler.
C’est ici que Tacchi tire une conclusion plus forte que ce que l’on peut prouver.

✔️ D. Tacchi décrit bien des réseaux et des acteurs concrets

Son métier d’archiviste l’aide :

  • il identifie des individus, des financements, des think tanks,

  • il mappe des relations idéologiques.

Ces aspects sont bien documentés, même si les interprétations peuvent varier.

🟡 2. Points plausibles mais discutables

⚠️ A. Le lien entre “forums séparatistes” et “stratégie d’État atlantiste”

Tacchi suggère que ces forums sont instrumentalisés par les États occidentaux dans un cadrage stratégique global.

Ce n’est :

  • ni impossible,

  • ni démontré formellement.

En réalité :

  • les États occidentaux ne reconnaissent officiellement aucun mouvement séparatiste russe,

  • n’offrent pas de soutien militaire ou logistique,

  • et évitent même ce discours pour ne pas provoquer une escalade nucléaire.

Donc : possible, mais pas prouvé.

⚠️ B. La vision d’une “hyperclasse mondiale”

C’est une idée philosophique et politique plus qu’un fait concret.
Cela reflète un courant souverainiste et critique du globalisme.

Crédibilité :

  • cohérente comme grille de lecture,

  • mais difficile à “prouver” empiriquement.

⚠️ C. L’importance réelle des mouvements séparatistes russes

Tacchi leur donne une place centrale.
Or, dans les faits :

  • ils sont faibles,

  • très divisés,

  • n’ont presque aucun soutien intérieur en Russie,

  • et leur influence internationale dépend de quelques cercles intellectuels.

Ce point est souvent surévalué par ceux qui y voient un projet de grande ampleur.

🔴 3. Points plus spéculatifs ou fragiles

❗ A. L’existence d’un “projet officiel, coordonné et stratégique de démantèlement de la Russie”

C’est la thèse centrale de Tacchi.
Problème : il n’existe aucune preuve directe, ni documents gouvernementaux, ni déclarations publiques allant dans ce sens.

Les gouvernements occidentaux :

  • disent explicitement ne pas vouloir la disparition de la Fédération de Russie,

  • craignent une fragmentation incontrôlée (risque nucléaire, guerre civile, mafias armées, etc.).

Ici, Tacchi extrapole à partir de :

  • discours idéologiques,

  • réseaux d’influence,

  • convergences d’intérêt.

Mais il n’y a pas de preuve d’un plan opérationnel.

❗ B. Le rôle supposé central de l’OTAN

Pour Tacchi, l’OTAN serait le bras géopolitique de ce projet.
Dans les faits :

  • l’OTAN s’est fixée comme objectif la défense des membres et l’aide à l’Ukraine,

  • mais n’a jamais porté de doctrine visant à démembrer la Russie (c’est trop dangereux).

Ce point est idéal-typique, mais pas documenté.

❗ C. L’idée que les élites occidentales veulent empêcher la multipolarité via la fragmentation de la Russie

C’est une interprétation géopolitique possible — et partagée dans certains milieux souverainistes ou eurasistes — mais cela reste :

  • un cadre conceptuel,

  • pas un fait démontré.

🎯 4. Évaluation générale

Aspect évaluéCrédibilitéCommentaire
Existence de réseaux séparatistes russes✔️ ForteBien documenté
Implication indirecte de certains acteurs occidentaux✔️ MoyennePlausible mais limité
Objectif officiel de l’Occident = démanteler la Russie❌ FaibleAucune preuve solide
Analyse historique des courants néoconservateurs✔️ BonneCohérente et étayée
Vision “hyperclasse mondiale”⚠️ VariablePlus idéologique qu’empirique
Valeur explicative de son travail✔️ BonneIntéressant pour comprendre certains réseaux
Rigueur méthodologique globale✔️ Correcte Mais interprétations parfois étirées

🧭 5. En résumé

Le travail de Nicolas Tacchi est intéressant, bien documenté sur les réseaux, et utile pour comprendre un courant géopolitique réel.

Mais sa thèse centrale — un plan atlantiste structuré visant à éclater la Russie — est plausible comme scénario théoriquemais pas démontrée dans les faits.

Il y a :

  • des acteurs,

  • des forums,

  • des courants idéologiques,

  • des stratégies d’affaiblissement,
    mais pas de preuve d’un “plan officiel” coordonné.

ChatGPT

DISINFO: The global goal of the West is to break Russia into small quasi-states and destroy it


 

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une forme de Guerre de l’Opium?

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