L’accord de Balfour, émis sous forme d’une déclaration le 2 novembre 1917, est né d’une série d’événements politiques, sociaux et stratégiques qui ont impliqué plusieurs acteurs internationaux, en particulier le Royaume-Uni, le mouvement sioniste et les populations arabes de Palestine.
Voici les principaux événements et facteurs ayant mené à la déclaration de Balfour :
Montée du sionisme : Au cours de la fin du XIXe siècle, le mouvement sioniste a émergé en réponse à l’antisémitisme croissant en Europe, en particulier en Europe de l’Est. Mené par Theodor Herzl et d’autres leaders, ce mouvement visait à établir un foyer national juif, avec la Palestine comme destination privilégiée. Le sionisme a gagné en popularité et a influencé les gouvernements européens.
Contexte de la Première Guerre mondiale : Pendant la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni cherchait à obtenir un soutien dans plusieurs régions du monde, y compris celui des communautés juives aux États-Unis, en Russie, et en Europe pour des raisons stratégiques et militaires. Les Britanniques voyaient l’appui juif comme un atout potentiel pour maintenir l’engagement de la Russie dans le conflit et pour attirer le soutien des États-Unis.
Rivalité avec les Ottomans : La Palestine faisait partie de l’Empire ottoman, un ennemi des Alliés pendant la guerre. En anticipant la fin de l’Empire ottoman, les Britanniques cherchaient à établir leur influence dans la région du Moyen-Orient, notamment en Palestine, pour sécuriser leurs routes vers l’Inde et le Canal de Suez.
Correspondance Hussein-McMahon (1915–1916) : Pendant la guerre, le Royaume-Uni avait entamé des négociations avec les Arabes par l’intermédiaire de la correspondance entre Hussein ben Ali, chérif de La Mecque, et Sir Henry McMahon, haut-commissaire britannique en Égypte. Dans cette correspondance, les Britanniques semblaient promettre une certaine indépendance aux Arabes dans les territoires ottomans, y compris la Palestine, en échange de leur aide contre les Ottomans. Cependant, les interprétations de ces promesses étaient ambiguës et contradictoires, menant à des conflits d’intérêts entre les promesses faites aux Arabes et celles envisagées pour le mouvement sioniste.
Accord Sykes-Picot (1916) : Les Britanniques et les Français ont également signé en 1916 l’accord secret de Sykes-Picot, qui divisait les territoires de l’Empire ottoman en zones d’influence. La Palestine devait devenir une zone internationale, avec des influences britannique et française. Cet accord reflétait les intérêts coloniaux européens dans la région, mais il contredisait les promesses faites aux Arabes et l’objectif sioniste d’un foyer national juif.
Pression du mouvement sioniste : Des personnalités influentes du mouvement sioniste, comme Chaim Weizmann, ont exercé une pression importante sur le gouvernement britannique. Weizmann a notamment développé des liens étroits avec des figures politiques britanniques, comme le ministre des Affaires étrangères Arthur Balfour, et a plaidé pour une déclaration publique de soutien à un foyer national juif en Palestine.
Déclaration de Balfour (1917) : Face à ces multiples facteurs, le Royaume-Uni a publié la déclaration de Balfour, qui exprimait le soutien britannique à la création d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine, sous réserve que cela ne nuise pas aux droits des communautés non juives présentes sur le territoire. Cependant, la déclaration restait vague sur les termes et ne clarifiait pas les conditions exactes de ce « foyer national », laissant la place à des interprétations diverses.
L’accord de Balfour est ainsi le produit de calculs géopolitiques, de pressions exercées par le mouvement sioniste, et de promesses conflictuelles faites aux Arabes et aux Juifs. Ses conséquences ont été marquantes et ont préparé le terrain pour de nombreuses tensions dans la région, notamment en Palestine, qui allaient se poursuivre et s’intensifier dans les décennies suivantes.
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L’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine en 1917, officialisé par la Déclaration Balfour, répondait effectivement à plusieurs motivations stratégiques du Royaume-Uni.
Voici les principaux aspects stratégiques derrière cette déclaration :
Alliance avec les Juifs d’Europe et d’Amérique : Le Royaume-Uni espérait que la promesse d’un foyer juif en Palestine inciterait les Juifs, particulièrement ceux des États-Unis et de la Russie, à soutenir l’effort de guerre britannique contre l’Allemagne et ses alliés. Les Britanniques pensaient que cette promesse pourrait influencer les communautés juives et renforcer les liens diplomatiques, notamment avec les États-Unis.
Concurrence avec les autres puissances impérialistes : À cette époque, le Royaume-Uni rivalisait avec la France, l’Allemagne et l’Empire ottoman pour le contrôle des territoires stratégiques du Moyen-Orient, notamment en raison de leur importance géopolitique et de la découverte de ressources pétrolières. En soutenant un foyer juif en Palestine, les Britanniques espéraient renforcer leur influence dans cette région cruciale.
Stabilité dans la région : Le gouvernement britannique espérait également que la création d’un foyer national juif pourrait contribuer à la stabilité en Palestine, région stratégique pour leurs routes commerciales vers l’Inde et le reste de leur empire.
Engagements contradictoires : La Déclaration Balfour a aussi été une tentative pour équilibrer différents engagements pris par le Royaume-Uni durant la Première Guerre mondiale. Par exemple, les accords Sykes-Picot de 1916 avaient divisé secrètement le Moyen-Orient entre la France et le Royaume-Uni, tandis que les promesses de soutien à l’indépendance arabe, faites dans la correspondance Hussein-MacMahon, entraient en conflit avec la Déclaration Balfour.
En résumé, la Déclaration Balfour n’était pas seulement un geste envers le mouvement sioniste, mais bien une action stratégique visant à renforcer la position du Royaume-Uni sur la scène internationale et à assurer leur influence dans le Moyen-Orient de l’après-guerre.
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La Déclaration Balfour a eu des effets mitigés, tant pour les objectifs stratégiques britanniques que pour la stabilité de la région. Voici les principaux résultats et limites de cette initiative :
Influence diplomatique accrue, mais à court terme : La déclaration a temporairement renforcé l’influence britannique dans certains cercles juifs en Europe et aux États-Unis, notamment en gagnant le soutien de certaines organisations juives sionistes. Cela a pu contribuer au soutien de l’effort de guerre des Alliés en 1917. Cependant, cet effet a été limité et a perdu de son impact après la fin de la Première Guerre mondiale.
Contrôle temporaire de la Palestine : Le Royaume-Uni a obtenu un mandat de la Société des Nations en 1920 pour gouverner la Palestine, ce qui lui a permis d’établir une présence directe dans la région. Cependant, au lieu de renforcer la stabilité, leur administration a intensifié les tensions entre communautés juive et arabe, rendant la situation de plus en plus difficile à gérer pour les Britanniques eux-mêmes.
Conflits croissants entre Juifs et Arabes : Plutôt que d’apporter la paix, la Déclaration Balfour a marqué le début d’une escalade de tensions. Les populations arabes, majoritaires en Palestine, ont rejeté la déclaration et ont commencé à voir les Britanniques comme des occupants favorisant une minorité en expansion. Cette opposition a conduit à une série de révoltes et de violences qui se sont intensifiées durant les décennies suivantes.
Détérioration des relations avec le monde arabe : Le soutien britannique au sionisme a fortement dégradé ses relations avec les dirigeants arabes, qui se sont sentis trahis par le non-respect des promesses d’indépendance faites pendant la guerre. Cela a créé un ressentiment durable qui a eu des répercussions sur les relations entre le Royaume-Uni et les pays arabes, même après la fin du mandat britannique en 1948.
Indépendance d’Israël et retrait britannique : En 1947, le Royaume-Uni, incapable de maintenir la paix, a renoncé à son mandat en Palestine et a transmis la question aux Nations Unies, qui ont proposé un plan de partage de la Palestine en deux États (un juif et un arabe). Cela a conduit à la guerre de 1948 entre le nouvel État d’Israël et les États arabes voisins, marquant l’échec de la stratégie britannique initiale pour une solution stable.
En somme, la Déclaration Balfour a temporairement permis au Royaume-Uni de s’établir dans la région, mais elle n’a pas réussi à assurer une stabilité durable ni à créer une situation favorable pour les intérêts britanniques à long terme. Au contraire, elle a contribué à la complexité du conflit israélo-palestinien, qui persiste encore aujourd’hui.
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