Quand la vie prend l’eau



Comment la vie d’un homme narcissique qui a absolument tout peut-elle complètement basculer en quelques heures et le forcer à commettre l’irréparable? Le film Le problème d’infiltration du réalisateur Robert Morin, mettant en vedette Christian Bégin, tente une incursion dans cette psychologie tordue à travers plusieurs plans-séquences.

Les 17 jours de tournage sont presque terminés et les portes des studios se sont ouvertes aux journalistes, mardi après-midi, le temps d’apercevoir quelques scènes.

Dans Le problème d’infiltration, Christian Bégin campe un chirurgien qui se consacre au sort des grands brûlés, époux d’une femme sensible et intelligente (Sandra Dumaresq) et père d’un enfant docile (William Monette). Il est bricoleur, adroit, cuisine comme un chef, mais en même temps, il est narcissique à souhait.

Six événements en une même journée viendront fissurer cette personne. Il explosera au point de tuer? Il semble que oui.

Horreur urbaine

«C’est un cinéma d’horreur, même dans la forme. Le réalisateur fait des clins d’œil à The Shining et Nosferatu. C’est un conte d’horreur urbain qui s’inspire de tragédies qu’on connaît, mais ce ne sont pas ces histoires qu’on raconte non plus», a expliqué Christian Bégin, qui défend pour la première fois un premier rôle au cinéma. Il s’est d’ailleurs énormément documenté sur le narcissisme et le manque d’empathie.

Au studio Melrose de l’arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil, à travers les lampes, les fils et les caméras, se trouve le décor d’un sous-sol inondé. On découvre le chirurgien en larmes, qui tente de colmater une fuite. Une scène lourde, remplie d’émotions.

«Il va loin, il perd la carte, c’est un Guy Turcotte. Il y en a combien des comme ça, qui perdent la carte et qui perdent tout», s’interroge à haute voix le réalisateur, au sujet du personnage principal. Robert Morin a rencontré des psychologues et des gens qui travaillent à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, pour se faire un portrait de celui-ci.

Plans-séquences

Le réalisateur s’est donné un défi supplémentaire en tournant ce film à la Birdman, avec des plans-séquences captés en studio, dans une maison très luxueuse de Brossard et dans un hôpital. Une façon de tourner très inspirante pour Robert Morin, qui demande beaucoup de préparation, mais qui permet de gagner des journées de tournage.

«C’est un exercice de style. Je voulais revisiter tout le langage du cinéma expressionniste­­ allemand des années 1920, mais avec des moyens modernes [...]. Ce sont six faux plans-séquences de 15 minutes qui emprisonnent le personnage. Il ne peut pas s’évader de la caméra, a mentionné le réalisateur. C’est ça le thrill, c’est un défi pour tout le monde. Le langage du cinéma classique ne m’intéresse pas.»

Défi

Ce style de tournage est effectivement un défi pour l’équipe technique, pour le réalisateur, mais aussi pour Christian Bégin, qui embarquait pour la première fois dans ce genre.

«Si tu te trompes, il faut recommencer du début, a-t-il dit. Ça me demande d’être dans l’état du personnage tout le temps. Parfois, je suis content de ce que j’ai fait dans une prise, et à la dernière seconde, quelque chose ne fonctionne pas. Ça me demande beaucoup de présence, de disponibilité, d’humilité et de patience.»



«Robert Morin a rencontré des psychologues et des gens qui travaillent à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, pour se faire un portrait de celui-ci.»

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