SebBovetSRC
Pas de huis clos pour lire rapport #ceic: "on voulait que tt le monde ait accès en même temps"-S.Vallée #polqc #hum https://t.co/NWnvAx4Qmz
15-11-24 14:56



PatriceRoyTJ
Pour vous faire votre idée, voici le rapport de la commission Charbonneau: 1741 pages #ceic
https://t.co/g63CmaoFHS https://t.co/5csAtpwnmM
15-11-24 11:16



ygreck
#ceic https://t.co/hua4gzCodi
15-11-24 16:50



laportestephane
«Le rapport Charbonneau est une brique très épaisse qui peut servir d'isolant.»
- un gars de la construction
15-11-26 09:27


LA RÉDUCTION DES GOÛTS
FRANÇOIS CARDINAL
LA PRESSE

Il est montré du doigt à la page 1302 du rapport de la commission Charbonneau. Enfoui dans un court passage qui fait 10 paragraphes, pas plus. On cligne des yeux et on le rate.

Et pourtant, c’est l’un des pires coupables des atrocités des dernières années. Il est lié à la corruption, il a facilité la collusion, il a simplifié la fraude… et en plus, il a permis la construction d’une flopée d’horreurs à la grandeur du Québec !

Ce coupable, c’est la règle du plus cheap soumissionnaire… je veux dire, du plus bas soumissionnaire.

Ah, elle paraît bien du dehors, cette règle. Elle oblige les villes à choisir l’entrepreneur qui coûte le moins cher. C’est responsable… non ?

Eh bien non, justement. Car cette règle sacro-sainte « facilite grandement » la collusion, disent les commissaires. Elle permet aux entrepreneurs de savoir que la sélection se fait presque uniquement sur le critère du coût. Et elle les incite donc à s’entendre à l’avance sur ce coût, et voilà ! Ils n’ont qu’à se partager contrats, projets et territoires.

Puis pas de problème pour la marge de profit, l’entrepreneur n’aura qu’à compenser son manque à gagner en multipliant les faux extras. Génial. Pas même besoin de consacrer de temps ou d’argent pour des futilités comme la beauté du projet. Ou pire, sa qualité.

***

Coïncidence intéressante. Le rapport de la commission Charbonneau a été dévoilé presque au même moment que les prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec.

Des prix parmi lesquels, je ne vous surprendrai pas, je ne trouve aucun projet qui ait subi le diktat du plus bas soumissionnaire.

Le grand prix, par exemple, a été attribué à la suite d’un concours d’architecture. C’est la formidable bibliothèque du Boisé de l’arrondissement de Saint-Laurent (Cardinal Hardy, Labonté Marcil, Éric Pelletier), superbe projet qui brouille la frontière entre intérieur et extérieur, entre nature et architecture.

Le prix du bâtiment institutionnel public il a été remis à un projet sélectionné pour sa… qualité, justement. C’est le pavillon des sciences du cégep John-Abbott (Saucier + Perrotte), un édifice aux généreux intérieurs qui favorisent l’échange entre élèves.

Quant à la plupart des autres projets, comme La Bergerie (L’OEUF) et La Colombière (Yiacouvakis Hamelin architectes_ yh2) qui allient à merveille l’ancien et le nouveau, ce sont des projets privés.

Et le privé, lui, quand il veut bien faire, il sait qu’il doit se tenir loin des entrepreneurs dont la principale qualité… est de ne pas s’en soucier.

***

Amusante coïncidence, donc entre le dévoilement des prix d’architecture et du rapport Charbonneau. D’autant que l’Ordre des architectes, comme la Commission, est contre la règle du plus bas soumissionnaire.

En fait, il se bat contre cette règle depuis sa création en 2002, ou à peu près.

J’avoue d’ailleurs avoir piqué mon titre dans le magazine de l’Ordre. Un titre qui dit tout. À vouloir réduire à tout prix le coût, on en vient à réduire le goût… de faire bien, de faire beau, de faire exemplaire.

Pas compliqué, « le plus bas soumissionnaire conforme », c’est à peu près tout le temps « le plus bas soumissionnaire », point. On choisit presque systématiquement le prix plancher, même si c’est souvent l’entrepreneur qui offre le score le plus bas en matière de qualité.

Pourtant, je le dis et le redis, le Québec est trop pauvre pour être cheap. Car la mauvaise qualité finit toujours par coûter cher, que ce soit lors de la construction (extras), de l’exploitation (entretien) ou des rénovations (complications).

Tant mieux, donc, si la commission Charbonneau sort de son mandat et reconnaît que la qualité a pris le bord avec la règle du plus bas soumissionnaire. Et tant mieux si elle appelle à une nouvelle « pondération plus variée » pour qu’on se « préoccupe davantage de la qualité des infrastructures ».

Mais pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi ne pas rompre avec l’approche « Dollarama » ? Pourquoi ne pas carrément abolir cette règle qui va à l’encontre de tout ce à quoi devrait aspirer le Québec ?

Après tout, le rapport de la Commission le démontre bien : c’est une hérésie à la fois fiscale et architecturale. Une façon de se faire croire qu’on est vigilant sur le prix, rien de plus.

Or, on n’a qu’à jeter un coup œil aux projets issus de concours pour voir que le retour sur investissement est indéniable quand on opte pour la qualité, la fonctionnalité, l’efficacité. Voyez la Grande Bibliothèque et le nouveau Planétarium, deux projets dont les budgets et échéanciers ont été respectés à la lettre.

Dans un monde idéal, on construirait donc tous nos bâtiments publics à la faveur de concours d’architecture, comme le fait la Suisse par exemple. Mais si on ne peut aller aussi loin, arrangeons-nous au moins pour écarter systématiquement le plus bas soumissionnaire, comme le fait Edmonton.

Arrangeons-nous pour encourager la qualité, à tout coup, plutôt que le travail « botché ».

source -> http://plus.lapresse.ca/
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Des raisons d’espérer
BENOÎT AUBIN 
Vendredi, 27 novembre 2015

D’accord, on ne rit pas, ça va plutôt mal, avec le terrorisme, les réfugiés, l’austérité et la chicane sur tous les sujets, y compris un rapport d’une commission censée dénoncer la corruption, et que tout le monde s’entend plutôt à dénoncer. Mais je demeure optimiste, parce que notre société s’améliore. La preuve? La rue Peel à Montréal. Ne quittez pas, gens de Québec, vous allez comprendre pourquoi.

Pas le tronçon qui est «en travaux», une zone de destruction massive depuis ce printemps, mais un peu plus bas, entre le square et le Windsor: il y a une traverse pour les piétons, voyez-vous?

Eh bien, à ma connaissance, personne n’y est mort écrasé, il n’y a pas eu d’émeutes ni de batailles rangées, sur ce bout de rue très achalandé. J’ai même vu des camions de livraison s’arrêter pour les piétons. Et des piétons sourire en leur faisant un petit signe de la main.

Il y a dix ans, traverser là était une corrida, un sport extrême, et le petit signe de la main ne pouvait être autre chose qu’un salut italien. Souvenez-vous: l’anarchie urbaine, l’indiscipline notoire des piétons et des automobilistes à Montréal trônaient au sommet de nos valeurs québécoises.

Le progrès n’est pas que les Montréalais sont en train de devenir aussi disciplinés que les Torontois.

C’est plutôt qu’il n’y a pas de clignotants, pas de feux de circulation, pas de gendarmes allongés à cet endroit, pas même de policiers tapis dans les fourrés pour punir les contrevenants.

Un tel passage piétonnier est un contrat social, basé sur le respect mutuel et la quête commune d’un avantage pour tous. Il crée, sans coercition aucune, une chorégraphie autogérée, une collaboration entre citoyens, issue de la nécessité, et basée sur la responsabilité individuelle et la quête d’un mieux-être commun. Et cela fonctionne!

Les citoyens s’en mêlent

Ce qui nous amène à la commission Charbonneau.

Bien sûr on aurait aimé que Jean Charest et Pauline Marois soient attachés à un carcan pour que leurs adversaires leur lancent des œufs, mais, bon... Surpris d’apprendre que l’industrie de la construction, la politique municipale, les syndicats avaient été corrompus, que les firmes d’ingénieurs beurraient les partis au pouvoir?

Des syndiqués étaient pourris, leurs syndicats ne les ont pas dénoncés, leurs patrons non plus. Dans les petites villes où tout le sait, les chefs de police ne savaient rien. Surpris? Vraiment?

Les coquerelles

La commission Charbonneau a jeté de la lumière sur ces cafards qui grouillaient dans les coins. Instructif, oui, mais surprenant?

Ce qui fait plus mal c’est de voir que tous ces chiens de garde que la société s’est donnés dormaient au gaz. Les corporations, les ordres professionnels, les unions municipales, le directeur général des élections, différents ministères – tous ces chats bien nourris bien traités à qui les citoyens se fiaient pour empêcher les souris de danser, eh bien, ils n’ont rien fait pour empêcher les souris de danser.

Distribuer les blâmes, inventer de nouvelles lois, créer de nouvelles bureaucraties ne résoudrait pas le problème, on le voit maintenant.

Seule solution à cette crise de la corruption: un changement de culture; des millions de décisions individuelles de citoyens qui prennent sur eux d’améliorer la société, son fonctionnement.

Le passage piétonnier de la rue Peel nous montre que c’est possible.