UPAC vs UAC



«M. Lafrenière a décidé de mettre fin à son contrat, a confirmé Anne-Frédérick Laurence, porte-parole de l'UPAC. Vous connaissez le contexte. M. Duchesneau avait fait connaître publiquement son opinion sur la structure et sur le chef de l'UPAC. Dans ce contexte, il était devenu impossible de poursuivre la collaboration avec lui.»
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«Il faut regarder le problème avec une lunette autre que policière et judiciaire. On oublie l'administratif. Et ce n'est pas un policier qui devrait être à la tête de l'UPAC, mais plutôt un juge à la retraite, comme John Gomery (qui a dirigé la commission d'enquête sur les commandites).»
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«L'UPAC reproche à M. Duchesneau son manque de loyauté, a déclaré quant à lui le député de Québec solidaire, Amir Khadir. Or, M. Duchesneau a fait preuve d'une grande loyauté envers le Québec. On souhaiterait en voir autant de la part de tous les détenteurs de charges publiques, notamment du premier ministre.»

source -> http://www.cyberpresse.ca/
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Les incompétents parviennent parfois aux plus hautes fonctions tout simplement parce qu'ils sont loyaux.
«ils sont dévoués et d'une loyauté à toute épreuve envers ceux qui les ont nommés»

Jean Laliberté - Réinventer la Démocratie * -> en librairie - version numérique - warez
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Le cas Eichmann

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Une troisième et très controversée analyse est faite notamment par Hannah Arendt, philosophe juive allemande exilée aux États-Unis lors de la montée du nazisme dans les années 1930 et qui a couvert le procès Eichmann pour le magazine The New Yorker. Dans son ouvrage, Eichmann à Jérusalem, qui compile ses chroniques de ce procès, Arendt reprend sa théorie du rouage du système et conclut qu'Eichmann n'a montré ni antisémitisme ni troubles psychiques, et qu'il n'avait agi de la sorte durant la guerre que pour « faire carrière6». Elle le décrit comme étant la personnification même de la « banalité du mal », se basant sur le fait qu'au procès il n'a semblé ressentir ni culpabilité ni haine et présenté une personnalité tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
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Arendt élargit cette constatation à la plupart des criminels nazis, et ce quel que soit le rang dans la chaîne de commandement, chacun effectuant consciencieusement son travail de fonctionnaire ou de soldat plus préoccupé comme tout un chacun par son avancement que par les conséquences réelles du travail. Le fondement de la thèse d'Arendt, construite d'abord et avant tout contre toute interprétation pathologique de ces criminels, reposerait sur l'incapacité de ces hommes à penser, sur un manque d'« imagination » qui les aurait empêchés de se mettre à la place de leurs victimes et d'éprouver ainsi de la pitié42- l'arrière-fond kantien et heideggerien de la pensée d'Arendt doit bien entendu être pris en compte dans l'utilisation de ces concepts désignant l'esprit humain.

Beaucoup allèrent plus loin dans ce raisonnement en affirmant que chacun, pour peu que les bonnes conditions soient réunies, les bons ordres, les bonnes incitations données au bon moment, pourrait commettre les crimes les plus odieux, mais Arendt refusa quant à elle cette interprétation. Celle-ci fut enrichie par l'expérience Milgram, dont les enseignements demeurent cependant discutés.
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source -> http://fr.wikipedia.org/

Les démonstrations tribales de violence anti-juive étaient découragées; ainsi, au début de l'holocauste, nous dit Bauman, les soldats allemands tuaient les juifs mais on a vite trouvé que c'était trop démoralisant pour les soldats; il valait mieux trouver une autre solution (on voit ici que les nazis "raisonnaient", mais uniquement sur les moyens et non les fins...). Cette solution, ce fut les chambres à gaz. Cette solution était éminément "propre" et "civilisé": on tuait les juifs sans douleur et le fonctionnaire qui s'occupait de mettre le gaz ne voyait jamais les conséquences de ses actions (on ne lui montrait évidemment pas les corps tués par le gaz!). Or, quand on ne voit pas les conséquences de ses actions, ce qui est le cas dans une bureaucratie où on n'est qu'un maillon de la chaîne et que notre "job" est d'obéir à notre supérieur, on peut endormir notre conscience morale.

source -> http://steverobitaille.blogspot.com/
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* -> Étant donné que les politiciens sont exposés à toutes sortes de risques et désirent compter sur des gestionnaires capables de les défendre et de leur aider à réaliser leur programme politique, ils éprouvent le besoin de s’entourer de personnes en qui ils ont une totale confiance. Comme il n’est pas toujours possible de trouver des gens à la fois compétents et loyaux, la fiabilité l’emporte sur la compétence. C’est ce qui explique que des fonctionnaires qui ont une réputation d’incompétents soient parfois promus dans des postes élevés. Ils sont peut-être moins compétents, mais ils sont dévoués et d’une loyauté à toute épreuve à l’endroit de ceux qui les ont nommés. Il n’est cependant pas évident que l’intérêt public soit toujours bien servi par des gestionnaires dont la préoccupation première est d’ordre politique.

Réinventer la Démocratie p. 76
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Merci quand même !

JEAN-LUC MONGRAIN
30/10/2011 09h33




Jacques Duchesneau n'est plus en poste à la tête de l'Unité anticollusion. Il s'est fait mettre dehors pour «manque de loyauté», rien de moins.

D'abord les faits

Nommé par le gouvernement en février 2010 comme directeur de cette escouade, M. Duchesneau a enquêté sans pouvoir de contraindre. Son équipe a malgré tout réussi à contacter près de 500 intervenants qui ont osé parler pour expliquer les rouages de la collusion. Puis, il a rédigé un rapport qu'il craignait de voir tabletté.

Le scénario

Comme les choses n'avançaient pas assez vite à son goût, Jacques Duchesneau a commencé à avoir des doutes. Il a pressenti que certains étaient peut-être tentés d'utiliser le travail de ses troupes à des fins de contrôle d'une crise politique plutôt que pour en arriver à des solutions efficaces et précises.

Survient la fuite de son rapport dans certains médias. L'enquêteur chevronné n'est pas né de la dernière pluie. Il sort sur la place publique et reprend le contrôle sur l'agenda politique du Québec pendant quelques semaines. Il est partout: radios, journaux, télés pour préparer l'écoute et l'attention populaire à son témoignage en commission parlementaire.

Le directeur de l'UAC y va de déclarations-chocs. Sa voix s'ajoute à toutes celles qui réclament la tenue d'une commission d'enquête publique. M. Duchesneau exerce un puissant levier sur l'opinion publique et le poids de ses propos pousse le gouvernement dans ses derniers retranchements.

Il y a aussi un autre problème... Policier de carrière, Jacques Duchesneau refuse de voir son unité être fonctionnarisée et intégrée à l'Unité permanente anticorruption, dont il écorche le directeur, un autre policier nommé Robert Lafrenière. Le patron ne veut pas servir sous le grand patron, qu'il considère plutôt comme son homologue. Il aurait préféré un juge à la tête de l'UPAC.

Il devient évident que l'homme ne peut plus demeurer en poste encore longtemps. Un, parce qu'il a quasiment mordu la main du gouvernement qui est à l'origine de sa nomination. Deux, parce qu'il n'accepte pas de se retrouver sous l'autorité d'un de ses semblables, aussi compétent soit-il.

La suite

Jacques Duchesneau ne sera pas adjoint à la juge France Charbonneau à la Commission d'enquête publique. Échaudé par son expérience en politique municipale, il ne sera pas non plus candidat dans l'éventuel parti de François Legault.

Jacques Duchesneau rentre dans ses terres pour terminer sa thèse de doctorat sur la prévention du terrorisme.

Il y a de ces hommes qui ne laissent personne indifférent: ceux que l'on aime parce qu'ils dérangent ou que l'on n'aime pas pour cette même raison. Jacques Duchesneau a sûrement ses torts.

Cependant, à titre de citoyen, il mérite que nous lui disions merci pour services rendus.

source -> http://lejournaldemontreal.canoe.ca/
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Duchesneau s’est «autoexclu»

J.JACQUES SAMSON
01/11/2011 09h52 




Jacques Duchesneau « s’était démissionné » deux fois plutôt qu’une : le coulage de son rapport a placé le gouvernement Charest dans l’embarras sur le dossier le plus chaud depuis deux ans, une commission d’enquête sur la corruption, et il a discrédité publiquement l’Unité permanente anticorruption et son chef, Robert Lafrenière.

Il était écrit dans le ciel que M. Duchesneau ne remettrait pas les pieds dans le même édifice que Robert Lafrenière. Il n’y avait pas de place pour les deux.

Un intouchable

Un, le poids politique de M. Lafrenière le rendait intouchable.

Cet ancien inspecteur-chef de la Sûreté du Québec a été recruté pour être sous-ministre de la Sécurité publique. C’est l’un des postes les plus stratégiques dans l’appareil gouvernemental. Celui qui l’occupe est en quelque sorte le patron de tous les policiers du Québec et le pont entre l’appareil policier et le pouvoir politique, à travers le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, dans le cas présent.

M. Lafrenière a laissé cette haute fonction pour prendre celle de commissaire de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) Il devenait ainsi la bouée de sauvetage du gouvernement Charest, qui a besoin de faire défiler des criminels devant les tribunaux pour convaincre de sa réelle volonté d’enrayer la corruption et la collusion dans la construction et l’octroi des contrats publics.

S’attaquer à Robert Lafrenière était suicidaire de la part de Jacques Duchesneau.

Devoir de loyauté

Deux, MM. Lafrenière et Duchesneau sont deux ex-dirigeants de corps policiers. Le premier, à la Sûreté du Québec, le second, au Service de police de la ville de Montréal.

Le respect de la hiérarchie et le devoir de loyauté sont des principes à ne pas violer dans le milieu policier, comme dans l’armée. La force de ces organisations tient à l’unité et à la cohésion qui doit y régner, enseigne-t-on aux recrues et martèle-t-on ensuite aux membres pendant toute leur carrière.

Jacques Duchesneau était passé l’été dernier sous les ordres de Robert Lafrenière. Dans ses récentes sorties publiques, il a transgressé le principe du respect de la hiérarchie et le devoir de loyauté à l’organisation à laquelle il appartenait.

Pour cette raison, M. Duchesneau ne recevra d’ailleurs pas d’indemnité de départ ni de compensation financière, même si son contrat ne prenait fin que dans cinq mois. Une rupture aussi brutale du lien d’emploi est très exceptionnelle dans le secteur public. Elle traduit bien l’animosité existante à son endroit.

Contre-productif

Jacques Duchesneau a laissé la porte ouverte pour travailler à la commission Charbonneau sur la corruption, si on faisait appel à ses connaissances. Le problème est que M. Duchesneau est devenu persona non grata à la Sécurité publique et à l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

Le congédiement de l’ex-patron de l’Unité anticollusion au ministère des Transports et l’éventualité d’une contribution à la commission Charbonneau, réclamée par les partis d’opposition, rebondira à l’Assemblée nationale aujourd’hui.

Il ne faudra pas oublier que la juge France Charbonneau est entièrement maîtresse de l’organisation de sa commission. Le gouvernement ne peut rien lui dicter à ce sujet. Mais, surtout, la présence de M. Duchesneau dans le giron de la commission Charbonneau risquerait d’être contre-productive : le personnel de la commission devra travailler en étroite collaboration avec la Sécurité publique, l’UPAC et diverses organisations policières. M. Duchesneau serait un frein à cette indispensable collaboration.

source -> http://lejournaldemontreal.canoe.ca/
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Dommage, mais prévisible, selon le ministre Dutil

Rémi Nadeau
01/11/2011 18h51



Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil
© Stevens LeBlanc / Journal de Québec


QUÉBEC — Le congédiement de Jacques Duchesneau de l’Unité permanente anti corruption est «dommage», mais n’a pas surpris le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil. En réagissant au renvoi de l’ex-chef de l’Unité anticollusion, le ministre Dutil a admis qu’il constituait une perte pour la force de frappe mise en place par son gouvernement afin de lutter contre la corruption dans l’industrie de la construction.

«C’est toujours dommage de perdre des personnes compétentes et de grandes ressources, mais chacun est responsable de ses dires», a-t-il dit mardi.

M. Dutil a laissé entendre que les jours de Jacques Duchesneau à l’UPAC étaient comptés dès lors qu’il a osé défier son patron, Robert Lafrenière, en le critiquant sur la place publique.

«Il existe un devoir de loyauté et, comme vous le savez, M. Duchesneau a critiqué vertement l’UPAC, mais nous ne sommes pas intervenus dans cette décision», a affirmé le ministre devant les représentants des médias.

Plus tard, au Salon bleu, il a dû faire face aux questions pressantes de l’opposition officielle, le Parti québécois accusant le gouvernement d’avoir lui-même demandé le congédiement de M. Duchesneau.

Selon le porte-parole péquiste en matière de sécurité publique, Stéphane Bergeron, ce que le gouvernement Charest reproche à l’ex-patron de l’unité anticollusion, c’est d’avoir réclamé la tenue d’une commission d’enquête publique sur l’industrie de la construction.

«M. Duchesneau a donc commis une faute grave aux yeux du gouvernement, soit de l’avoir tourné en ridicule face à la population», a tonné le député de Verchères.

Le ministre Dutil a toutefois répété que le gouvernement n’était pas intervenu et que la décision appartenait au numéro un de l’UPAC, Robert Lafrenière.

«L’Unité permanente anticorruption doit être indépendante de toute pression politique, et ça inclut la gestion du personnel. Malheureusement, dans toutes les organisations, il y a des conflits de personnalités», a-t-il expliqué.


source -> http://fr.canoe.ca/
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hypothèse

«Il faut regarder le problème avec une lunette autre que policière et judiciaire. On oublie l'administratif.»
Jacques Duchesneau
«Le respect de la hiérarchie et le devoir de loyauté sont des principes à ne pas violer dans le milieu policier, comme dans l’armée.»
J.JACQUES SAMSON

D'après moi, M. Duchesneau est en mode «recherche» de preuve

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maj.: 20 nov 2011

Construction : pour en finir avec la collusion

Trucage de soumissions, intimidation de concurrents, surfacturation, évasion fiscale, financement occulte de partis politiques. L'Unité anticollusion (UAC) a mis en lumière les stratégies utilisées par des firmes de génie-conseil, des entrepreneurs en construction et le crime organisé pour obtenir des contrats du ministère québécois des Transports. Son rapport dresse un portrait accablant de l'industrie de la construction, qui fait écho aux manchettes des derniers mois. Si l'opposition y trouve des munitions pour réclamer une commission d'enquête publique, le gouvernement Charest campe sur sa position, préférant s'en remettre aux enquêtes policières.

source -> http://www.radio-canada.ca/sujet/collusion-qc