Guglielminetti Bruno Guglielminetti
http://survivingprogress.com/
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«Une paix durable est la condition préalable de l’exercice de tous les droits et devoirs de l’être humain. [...] Paix, développement et démocratie forment un triangle interactif. Chacun de ces trois éléments est tributaire des deux autres».
Mais le Directeur général de l’UNESCO insiste surtout sur la prévention:
«Il nous faut débusquer les causes profondes des problèmes mondiaux et nous efforcer, en agissant avec imagination et persévérance, d’étouffer les conflits à la racine ou, mieux encore, de les prévenir. La prévention: voilà la véritable victoire à la mesure des facultés propres à l’être humain.»
Federico Mayor
source -> http://bannieredelapaix-france.over-blog.com/
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hypothèse -> le progrès est synonyme de développement
progrès : 13 synonymes.
Synonymes accroissement, amélioration, augmentation, avancée, avancement,développement, essor, évolution, perfectionnement, processus, progression,propagation, prospérité.
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Démocratie, paix et développement forment un triangle interactif, dont les sommets se renforcent mutuellement. Il n'y a pas de paix durable sans développement durable. Pour être durable, le développement doit se fonder sur la justice. Et la justice dépend de l'existence de ce cadre de références éthiques qu'on appelle "démocratie". L'Acte constitutif de l'UNESCO est le seul dans le système des Nations Unies à rappeler les principes ou idéaux démocratiques: justice, liberté, égalité, solidarité. Dans le Préambule même de ce texte lumineux, il est dit que la paix ne s'établit pas sur le seul fondement du développement économique et politique. Les deux sont nécessaires mais ils ne sont pas suffisants: la paix et le bien-être dépendent de "la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité". p. 2Discours de M. Federico Mayor Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à l'occasion du VIIe Sommet ibéro-américain des chefs d'Etat et de gouvernement - VALEURS ETHIQUES DE LA DEMOCRATIE - au format pdf
Discours de M. Federico Mayor Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à ̀l’ouverture du Forum sur la culture de paix Bamako (Mali), 24 mars 1997- au format pdf
Depuis, nous avons appris que la paix ne peut naître seulement de la peur d’une nouvelle guerre. Elle procède d’efforts quotidiens, d’une confiance quotidienne dans la capacité de l’être humain de transcender les barrières idéologiques, culturelles, politiques et économiques. Nous avons aussi appris que la paix, le développement et la démocratie vont de pair et que l’un ne peut s’accomplir sans les autres. Paix, développement et démocratie forment un triangle interactif. Chacun de ces trois éléments est tributaire des deux autres. p.2
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progrès : 13 synonymes.
Synonymes accroissement, amélioration, augmentation, avancée, avancement,développement, essor, évolution, perfectionnement, processus, progression,propagation, prospérité.
source -> http://www.linternaute.com/dictionnaire/ |
Le progrès, voilà l’ennemi !
19 octobre 2011
J’écoutais dimanche dernier à Tout le monde en parle Mathieu Roy, le coréalisateur du film Survivre au progrès, nous annoncé les pire catastrophes si nous n’arrêtons pas la course folle du progrès. Le progrès, voilà l’ennemi à abattre. Aurions-nous trouver enfin la cause des immenses problèmes de l’humanité ?
Hélas non. Ce discours anti-production et anti-consommation existe depuis la nuit des temps et il est constamment recyclé avec les mêmes peurs et la même prémisse : il y aurait juste trop de monde sur terre compte tenu de sa capacité de nous nourrir et de fournir les ressources suffisantes pour la satisfaction des besoins humains.
La version moderne, telle que racontée par le professeur Vaclav Smil de l’Université du Manitoba, une des personnes interviewées dans le film, nous dit qu’il il y aurait aujourd’hui 5 milliards d’être humains qui ont peu ou rien et dont la satisfaction des besoins et des désirs risque d’épuiser toutes les ressources et de rendre la terre invivable, à moins que nous limitions nous-mêmes notre consommation d’énergie et de ressources. C’est du moins ce que je lis sur le site anglais du film. Drôle de raisonnement. Il faudrait qu’on s’appauvrisse pour permettre aux autres de s’enrichir.
Déjà que 5 milliards de démunis, c’est un chiffre aberrant. Il y a 7 milliards d’humains. The Economist estime que presque 60 % de la population du globe fait dorénavant partie de la classe moyenne. Selon McKinsey, la nouvelle classe moyenne des pays émergents compte déjàpresque 2 milliards de personnes. Leurs dépenses atteignent 6 900 milliards de dollars , un montant qui devrait presque tripler d’ici la fin de la décennie et représenter alors deux fois la consommation totale des États-Unis.
Selon le raisonnement des obsédés de la pénurie, faudrait-il conséquemment qu’on diminue par trois notre consommation dans les pays développés ? Ou que les habitants des pays émergents prennent leur mal en patience au nom de l’intérêt collectif ?
Ce discours culpabilisateur et pessimiste est dangereux. Notre économie recule de 0,5 % pendant une année de récession et c’est la panique. Le chômage se met alors à augmenter et la misère s’étend. Ce que l’on nous propose, c’est de provoquer nous-mêmes une telle situation, dans l’espoir de sauver la planète de nos propres excès. Un peu d’auto-flagellation avec ça ?
En 1798, l’économiste anglais Robert Malthus nous annonçait déjà la catastrophe démographique et l’épuisement des ressources. Il y avait alors 800 millions d’être humains sur terre. Nous sommes 7 milliards aujourd’hui. Dans les années 1960, le grand-père de l’écologie politique, Ivan Illitch reprenait le discours de la décroissance. En 1968, le Club de Rome arrivait à la conclusion que les réserves connues de pétrole seraient épuisées dès 1992. Sans même tenir compte des sables bitumineux, les réserves prouvées de pétrole ont augmenté de 46,7 %entre 1992 et 2010.
Un autre livre, The Population Bomb, lui aussi publié en 1968 prédisait des famines massives dans les années 1970 et 1980 à cause de la croissance de la population et de l’épuisement des ressources. La Révolution culturelle en Chine et les guerres civiles en Afrique ontprovoqué des famines, pas l’augmentation de la population ni le développement économique.
Ces illustres prophètes ont-ils eu raison ? Les pénuries anticipées se sont-elles produites ? Notre situation s’est-elle détériorée et doit-on craindre le pire ? Non, non, non et non.
En fait, on ne mesure pas l’immensité du progrès accompli. Entre 1730 et 1749, les trois-quarts des enfants londoniens n’atteignaient pas cinq ans. Je peux comprendre le pessimisme de Thomas Malthus. Les chantres modernes de la non-croissance n’ont pas cette excuse.
Entre 1950 et 1960, l’espérance de vie moyenne d’un être humain était de 47 ans. Il atteint aujourd’hui 69 ans. En Amérique du Nord, la longévité moyenne est passée de 69 ans à 81 ans pendant la même période. Est-ce là le signe d’un monde en perdition ?
Qu’est-ce qui explique cette formidable augmentation de l’espérance de vie ? Le développement économique a permis celui de la science et de l’hygiène, ce qui a rendu possible une baisse spectaculaire de la mortalité infantile. Les progrès de la médecine et le développement technologique ont aussi contribué à l’augmentation de l’espérance de vie, et ce, à peu près partout dans le monde. Il y a enfin le développement spectaculaire de la productivité agricole. Résultat : des centaines de millions de personnes se sont déjà sorties de la pauvreté, et des centaines de millions d’autres pourraient en faire autant au cours des prochaines années. Encore et toujours, ce satané progrès…
Et les fameuses pénuries ? La technologie a fait des prodigues. Laproduction de céréales est passée de 824 millions de tonnes en 1960 à 2179 millions de tonnes en 2010. C’est 2,6 fois plus.
Depuis 1960, nous avons plus que doublé la production de protéines de boeuf, de moutons et de chèvres. Nous avons quintuplé la production de protéines de porcs, décuplé celle des protéines de volailles et multiplié par 35 la production de poissons d’élevage.
Les résultats sont extraordinaires. Entre 1968, année où on a écrit beaucoup de conneries, il y avait 3,5 milliards d’humains. 878 millions d’entre eux, soit 25 % de la population mondiale, souffrait de malnutrition.
Est-ce pire aujourd’hui comme on le laisserait entendre ? En 2010, où il se dit encore beaucoup de bêtises, 925 millions d’hommes sur une population globale de 6,8 milliards souffrent de malnutrition, soit une proportion de 13, 6 %. C’est encore beaucoup trop, mais mesurons l’exploit. Le nombre de personnes sous-alimentées n’a presque pas bougé, malgré 3,3 milliards de bouches de plus à nourrir et une sévère récession.
Le progrès tue ? Non, le progrès sauve.
Cela fait plus de 200 ans que les adversaires du progrès annonce la catastrophe imminente. Ils ont toujours eu tort jusqu’à maintenant, précisément parce que le progrès scientifique et économique et l’innovation ont énormément amélioré les conditions de vie des hommes et des femmes. Et c’est ce même progrès – et lui seul – qui peut assurer la subsistance des 7, 8 ou 9 milliards d’êtres humains dans les prochaines décennies.
Toujours pas convaincu ? Je vous lance un défi. Prenez vos clefs d’automobiles (les 2 si vous en avez deux) et votre téléphone portable. À trois, jetez-les dans les toilettes. Vous vous sentirez mieux après avoir si magnifiquement contribué à la survie de l’espèce.
source -> http://www.lactualite.com/
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Le blogue de Pierre Duhamel
La réplique de Mathieu Roy et Harold Crooks à mon texte Le progrès, voilà l’ennemi
Publié dans : Crise financière, Crise pétrolière, Environnement, Technologie
27 octobre 2011
Mathieu Roy et Harold Crooks ont demandé un droit de réponse suite à mon texte du 19 octobre dernier. Ils me reprochent d’avoir critiqué leur film sans l’avoir vu, alors que je ne commentais que les propos entendus à la télévision ou lus sur le site du film. À la lumière de leur texte, je doute fort que le visionnement du film (dont j’ai demandé copie il y a plusieurs jours via L’actualité) aurait changé quoi que ce soit à la nature de mes propos, gentiment qualifiés de « platitudes démagogues ». Je leur renvoie le compliment.
Pierre Duhamel tombe dans ce que notre film Survivre au Progrèsexpose comme étant un piège du progrès. Le blogueur enchaîne une série de platitudes démagogues sur le « progrès qui sauve » en tentant de nous diaboliser en prophètes de malheur. Mais l’auteur demeure flou et complaisant quant à la complexité du phénomène et à sa nature bicéphale. Surtout, il esquive l’essentiel des faits pertinents au débat sans avoir fait l’effort de visionner notre film avant de publier sa chronique.
S’il y a une chose que nous avons apprise en faisant ce film, c’est que le progrès est une lame à double tranchant. Nous ne sommes évidemment pas contre le progrès en soi. Sans la fulgurante évolution technologique que l’humanité a connue, nous ne pourrions ni avoir fait ce film, ni participer à ce débat d’idées. Les progrès technologique, scientifique et médical ont permis à des centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants de sortir de la pauvreté crasse et d’atteindre des conditions de vie acceptables et dignes. Mais cet essor progressif fulgurant a ironiquement amplifié les disparités entre le sommet de la pyramide sociale et sa base.
Aux États-Unis, par exemple, un pays réputé «prospère», les 400 hommes et femmes les plus riches possèdent en capital l’équivalent des 150 millions les plus pauvres. Aussi, le 1 % des Américains au sommet de la pyramide sociale possède autant de richesses que les 90 % du bas.
Duhamel paraphrase un de nos experts en population, Vaclav Smil :
« … le professeur Vaclav Smil de l’Université du Manitoba, une des personnes interviewées dans le film, nous dit qu’il il y aurait aujourd’hui 5 milliards d’êtres humains qui ont peu ou rien et dont la satisfaction des besoins et des désirs risque d’épuiser toutes les ressources et de rendre la terre invivable, à moins que nous limitions nous-mêmes notre consommation d’énergie et de ressources. C’est du moins ce que je lis sur le site anglais du film. Drôle de raisonnement. Il faudrait qu’on s’appauvrisse pour permettre aux autres de s’enrichir. »
Nous serions bien curieux de savoir ce M. Duhamel trouve drôle dans ce raisonnement.
L’empreinte écologique d’un Occidental aisé – vous et moi et la majorité des gens qui liront ce texte – est près de 50 fois plus importante que celle des habitants d’un village pakistanais, de la savane africaine ou de la vaste majorité de la planète. N’avons-nous pas atteint dans nos sociétés un niveau de gaspillage suffisant ? Ne serait-il pas logique de réduire notre niveau de consommation et de chercher à mieux répartir les richesses pour qu’elles atteignent les 5 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants qui survivent, mais aimeraient mieux vivre ?
Nous pensons qu’une application morale du concept du progrès constitue l’unique voie de salut de notre civilisation. Nous sommes encore trop souvent témoins de dérives des multinationales qui continuent d’exploiter des travailleurs sous-payés et de déverser leurs déchets toxiques dans les écosystèmes. M. Duhamel n’a-t-il pas constaté le ras-le-bol généralisé qui s’installe partout sur la planète ? Des indignés européens, en passant par les révoltes arabes jusqu’aux zones d’occupations pacifiques à Wall Street, Montréal, Washington, Toronto, Vancouver et plusieurs autres villes occidentales, les fissures sont visibles. Le contrat social s’effrite et le modèle – néolibéral – de croissance économique à tout prix est dénoncé par les populations flouées. La course folle doit s’arrêter et nous devons redéfinir le progrès autrement que par l’augmentation du PIB.
Pour approfondir le sujet, je vous recommande le site web de Michael Hudson, un de nos intervenants dans le film.
http://michael-hudson.com/2011/10/occupy-wall-st-systemic-change-please/
Nous ne souhaitons pas la disparition des banques mais nous pensons que les institutions financières doivent rendre des services à la population, au même titre qu’un cordonnier, qu’une épicerie de quartier ou qu’un détaillant, et qu’elles doivent cesser de mettre en pratique des mécanismes prédateurs de spéculation qui ne contribuent qu’à leur enrichissement et à la destruction des écosystèmes et des institutions démocratiques.
M. Duhamel ne traite pas de ces questions et préfère se réconforter du fait que les fameuses prédictions de Malthus – voulant que la croissance de la population mondiale évolue inévitablement plus rapidement que la capacité de la planète à nourrir toutes ces nouvelles bouches – ne se sont pas avérées exactes. Il est vrai que la technologie s’amuse avec les malthusiens contemporains, en continuant de repousser les limites de la production mondiale agricole qui dépasse encore celle de l’augmentation de la population mondiale qui atteint aujourd’hui même 7 milliards d’êtres humains. Mais notre film s’intéresse plus à la question de l’empreinte – discutée plus haut – qui exacerbe celle de l’inégalité et du fossé qui se creuse entre ceux qui mangent trop et ceux qui ne mangent pas assez.
Cette injustice est perpétuée et l’infime minorité qui règne au sommet de nos ressources communes continue de vendre le rêve de la prospérité – l’illusion du progrès – à ceux qui ne l’ont pas encore atteint.
Il existe aujourd’hui un consensus scientifique clair et unanime : notre civilisation franchit un stade critique, car le capital naturel s’essouffle dans sa capacité à se régénérer. Les signaux d’alarme sont multiples.
- Nous avons déjà épuisé la capacité des terres arables à se reconstituer.
- Nous manquons d’eau potable.
- Nous continuons d’ajouter des quantités dangereuses de méthane et de CO2 dans l’atmosphère, ce qui contribue à réchauffer et à déstabiliser le climat.
- Le taux de retour énergétique (TRE), c’est-à-dire le ratio d’énergie utilisable acquise à partir d’une source donnée d’énergie baisse dangereusement. Quand le TRE d’une ressource est inférieur ou égal à 1, cette source d’énergie devient un « puits d’énergie », et ne peut plus être utilisée comme source d’énergie primaire. L’historien Joseph Tainter et le professeur Thomas Homer-Dixon soutiennent que la principale cause de l’effondrement des civilisations complexes s’explique par le rendement décroissant de la production d’énergie. Le pétrole des sables bitumineux de l’Ouest canadien constitue à cet effet un formidable exemple de TRE négatif. Pour l’obtenir, nous dépensons plus d’énergie que nous en produisons. Les lecteurs intéressés à en savoir davantage sur cette question peuvent consulter le lien suivant :http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique
L’idéologie du progrès économique repose sur la croyance que la technologie saura toujours faire face aux défis humains et environnementaux. Cette foi aveugle donne l’illusion que la technologie permet à l’homme de poursuivre sa croissance économique ad vitam aeternam, et de repousser les limites naturelles de notre monde.
L’analyse de M. Duhamel n’évoque pas non plus l’idée de développement durable. Que pense-t-il, par exemple, du consensus auquel sont arrivés en mai 2011 plus de cinquante penseurs renommés sur la durabilité mondiale, en lançant un « appel d’urgence de l’avenir » ? Ces chercheurs affirment (http://globalsymposium2011.org/live/video-archive) que la résilience de la planète est compromise par des facteurs humains et que les conséquences continuent d’être catastrophiques pour l’humanité.
Que pense M. Duhamel de l’idée de pérennité dans un contexte de croissance ?
Croit-il qu’un développement durable et une planification saine à long terme sont possibles ?
Peut-on renverser une idéologie aussi profondément incrustée dans le cerveau de l’oligarchie financière de Wall Street ? David Suzuki explique dans le film que chaque transaction financière a un impact humain et un impact écologique. Suzuki nous rappelle aussi qu’ériger les connaissances économiques en science est une fraude qui contribue à perpétuer et pervertir la transmission du savoir économique.
Le grand combat du 21e siècle consiste à dénoncer cette fraude, à en démasquer les auteurs et à redevenir citoyen – et non seulement consommateur –, tout en faisant une place plus grande aux femmes dans la gestion et la gouvernance de la société de demain. C’est ainsi que nous éviterons les pièges que le progrès continue de semer sur la voie de l’humanité.
Mathieu Roy et Harold Crooks
Bande-annonce:
http://www.youtube.com/watch?v=nHsIRYqThuw
Sur Facebook:
https://www.facebook.com/survivingprogress
Entrevue à Tout le monde en parle:
http://www.youtube.com/watch?v=eFWqMIhsyDo&feature=related
source -> http://www.lactualite.com/
La réplique de Mathieu Roy et Harold Crooks à mon texte Le progrès, voilà l’ennemi
Publié dans : Crise financière, Crise pétrolière, Environnement, Technologie
27 octobre 2011
Mathieu Roy et Harold Crooks ont demandé un droit de réponse suite à mon texte du 19 octobre dernier. Ils me reprochent d’avoir critiqué leur film sans l’avoir vu, alors que je ne commentais que les propos entendus à la télévision ou lus sur le site du film. À la lumière de leur texte, je doute fort que le visionnement du film (dont j’ai demandé copie il y a plusieurs jours via L’actualité) aurait changé quoi que ce soit à la nature de mes propos, gentiment qualifiés de « platitudes démagogues ». Je leur renvoie le compliment.
Pierre Duhamel tombe dans ce que notre film Survivre au Progrèsexpose comme étant un piège du progrès. Le blogueur enchaîne une série de platitudes démagogues sur le « progrès qui sauve » en tentant de nous diaboliser en prophètes de malheur. Mais l’auteur demeure flou et complaisant quant à la complexité du phénomène et à sa nature bicéphale. Surtout, il esquive l’essentiel des faits pertinents au débat sans avoir fait l’effort de visionner notre film avant de publier sa chronique.
S’il y a une chose que nous avons apprise en faisant ce film, c’est que le progrès est une lame à double tranchant. Nous ne sommes évidemment pas contre le progrès en soi. Sans la fulgurante évolution technologique que l’humanité a connue, nous ne pourrions ni avoir fait ce film, ni participer à ce débat d’idées. Les progrès technologique, scientifique et médical ont permis à des centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants de sortir de la pauvreté crasse et d’atteindre des conditions de vie acceptables et dignes. Mais cet essor progressif fulgurant a ironiquement amplifié les disparités entre le sommet de la pyramide sociale et sa base.
Aux États-Unis, par exemple, un pays réputé «prospère», les 400 hommes et femmes les plus riches possèdent en capital l’équivalent des 150 millions les plus pauvres. Aussi, le 1 % des Américains au sommet de la pyramide sociale possède autant de richesses que les 90 % du bas.
Duhamel paraphrase un de nos experts en population, Vaclav Smil :
« … le professeur Vaclav Smil de l’Université du Manitoba, une des personnes interviewées dans le film, nous dit qu’il il y aurait aujourd’hui 5 milliards d’êtres humains qui ont peu ou rien et dont la satisfaction des besoins et des désirs risque d’épuiser toutes les ressources et de rendre la terre invivable, à moins que nous limitions nous-mêmes notre consommation d’énergie et de ressources. C’est du moins ce que je lis sur le site anglais du film. Drôle de raisonnement. Il faudrait qu’on s’appauvrisse pour permettre aux autres de s’enrichir. »
Nous serions bien curieux de savoir ce M. Duhamel trouve drôle dans ce raisonnement.
L’empreinte écologique d’un Occidental aisé – vous et moi et la majorité des gens qui liront ce texte – est près de 50 fois plus importante que celle des habitants d’un village pakistanais, de la savane africaine ou de la vaste majorité de la planète. N’avons-nous pas atteint dans nos sociétés un niveau de gaspillage suffisant ? Ne serait-il pas logique de réduire notre niveau de consommation et de chercher à mieux répartir les richesses pour qu’elles atteignent les 5 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants qui survivent, mais aimeraient mieux vivre ?
Nous pensons qu’une application morale du concept du progrès constitue l’unique voie de salut de notre civilisation. Nous sommes encore trop souvent témoins de dérives des multinationales qui continuent d’exploiter des travailleurs sous-payés et de déverser leurs déchets toxiques dans les écosystèmes. M. Duhamel n’a-t-il pas constaté le ras-le-bol généralisé qui s’installe partout sur la planète ? Des indignés européens, en passant par les révoltes arabes jusqu’aux zones d’occupations pacifiques à Wall Street, Montréal, Washington, Toronto, Vancouver et plusieurs autres villes occidentales, les fissures sont visibles. Le contrat social s’effrite et le modèle – néolibéral – de croissance économique à tout prix est dénoncé par les populations flouées. La course folle doit s’arrêter et nous devons redéfinir le progrès autrement que par l’augmentation du PIB.
Pour approfondir le sujet, je vous recommande le site web de Michael Hudson, un de nos intervenants dans le film.
http://michael-hudson.com/2011/10/occupy-wall-st-systemic-change-please/
Nous ne souhaitons pas la disparition des banques mais nous pensons que les institutions financières doivent rendre des services à la population, au même titre qu’un cordonnier, qu’une épicerie de quartier ou qu’un détaillant, et qu’elles doivent cesser de mettre en pratique des mécanismes prédateurs de spéculation qui ne contribuent qu’à leur enrichissement et à la destruction des écosystèmes et des institutions démocratiques.
M. Duhamel ne traite pas de ces questions et préfère se réconforter du fait que les fameuses prédictions de Malthus – voulant que la croissance de la population mondiale évolue inévitablement plus rapidement que la capacité de la planète à nourrir toutes ces nouvelles bouches – ne se sont pas avérées exactes. Il est vrai que la technologie s’amuse avec les malthusiens contemporains, en continuant de repousser les limites de la production mondiale agricole qui dépasse encore celle de l’augmentation de la population mondiale qui atteint aujourd’hui même 7 milliards d’êtres humains. Mais notre film s’intéresse plus à la question de l’empreinte – discutée plus haut – qui exacerbe celle de l’inégalité et du fossé qui se creuse entre ceux qui mangent trop et ceux qui ne mangent pas assez.
Cette injustice est perpétuée et l’infime minorité qui règne au sommet de nos ressources communes continue de vendre le rêve de la prospérité – l’illusion du progrès – à ceux qui ne l’ont pas encore atteint.
Il existe aujourd’hui un consensus scientifique clair et unanime : notre civilisation franchit un stade critique, car le capital naturel s’essouffle dans sa capacité à se régénérer. Les signaux d’alarme sont multiples.
- Nous avons déjà épuisé la capacité des terres arables à se reconstituer.
- Nous manquons d’eau potable.
- Nous continuons d’ajouter des quantités dangereuses de méthane et de CO2 dans l’atmosphère, ce qui contribue à réchauffer et à déstabiliser le climat.
- Le taux de retour énergétique (TRE), c’est-à-dire le ratio d’énergie utilisable acquise à partir d’une source donnée d’énergie baisse dangereusement. Quand le TRE d’une ressource est inférieur ou égal à 1, cette source d’énergie devient un « puits d’énergie », et ne peut plus être utilisée comme source d’énergie primaire. L’historien Joseph Tainter et le professeur Thomas Homer-Dixon soutiennent que la principale cause de l’effondrement des civilisations complexes s’explique par le rendement décroissant de la production d’énergie. Le pétrole des sables bitumineux de l’Ouest canadien constitue à cet effet un formidable exemple de TRE négatif. Pour l’obtenir, nous dépensons plus d’énergie que nous en produisons. Les lecteurs intéressés à en savoir davantage sur cette question peuvent consulter le lien suivant :http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique
L’idéologie du progrès économique repose sur la croyance que la technologie saura toujours faire face aux défis humains et environnementaux. Cette foi aveugle donne l’illusion que la technologie permet à l’homme de poursuivre sa croissance économique ad vitam aeternam, et de repousser les limites naturelles de notre monde.
L’analyse de M. Duhamel n’évoque pas non plus l’idée de développement durable. Que pense-t-il, par exemple, du consensus auquel sont arrivés en mai 2011 plus de cinquante penseurs renommés sur la durabilité mondiale, en lançant un « appel d’urgence de l’avenir » ? Ces chercheurs affirment (http://globalsymposium2011.org/live/video-archive) que la résilience de la planète est compromise par des facteurs humains et que les conséquences continuent d’être catastrophiques pour l’humanité.
Que pense M. Duhamel de l’idée de pérennité dans un contexte de croissance ?
Croit-il qu’un développement durable et une planification saine à long terme sont possibles ?
Peut-on renverser une idéologie aussi profondément incrustée dans le cerveau de l’oligarchie financière de Wall Street ? David Suzuki explique dans le film que chaque transaction financière a un impact humain et un impact écologique. Suzuki nous rappelle aussi qu’ériger les connaissances économiques en science est une fraude qui contribue à perpétuer et pervertir la transmission du savoir économique.
Le grand combat du 21e siècle consiste à dénoncer cette fraude, à en démasquer les auteurs et à redevenir citoyen – et non seulement consommateur –, tout en faisant une place plus grande aux femmes dans la gestion et la gouvernance de la société de demain. C’est ainsi que nous éviterons les pièges que le progrès continue de semer sur la voie de l’humanité.
Mathieu Roy et Harold Crooks
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Entrevue à Tout le monde en parle:
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