Les Etats-Unis travaillent à mettre en place des réseaux internet et de téléphonie mobile furtifs et transportables dans des valises
(AFP) Washington a apporté son soutien au développement de logiciels qui préservent l'anonymat des utilisateurs dans des pays comme la Chine
L'administration Obama travaille sur un projet mondial visant à déployer un internet "fantôme" ainsi que des systèmes de téléphonie mobile permettant aux dissidents de déjouer la censure des régimes dictatoriaux, rapporte dimanche le New York Times.
Les Etats-Unis mènent ainsi des projets discrets pour créer des réseaux de téléphones portables indépendants à l'intérieur de certains pays et conduisent aussi une opération digne du plus pur roman d'espionnage pour mettre en place un réseau internet furtif.
Dans cette perspective, de jeunes entrepreneurs de Washington cherchent à mettre au point des équipements électroniques n'attirant pas l'attention et suffisamment compacts pour être transportés dans une valise de voyage ordinaire.
"Une infrastructure séparée"
"Nous construisons une infrastructure séparée avec une technologie pratiquement impossible à couper, à contrôler et à surveiller", explique Sascha Meinrath, responsable du projet "Internet dans une valise" pour le groupe de recherches indépendant Open Technology Initiative at the New America Foundation.
Financée par une allocation de deux millions de dollars du département d'Etat, cette valise pourra passer les frontières d'un pays donné et les équipements y être rapidement assemblés pour permettre des communications sans fil sur une vaste zone avec un accès à internet.
La "valise" contiendra une petite antenne-relai sans fil qui amplifie la zone de couverture, un ordinateur pour gérer le système, des clefs USB et CD pour diffuser les logiciels à de nombreuses plates-formes et pour encrypter les communications.
50 millions de dollars en Afghanistan
Certains de ces projets portent sur de nouvelles technologies en développement aux Etats-Unis tandis que d'autres s'appuient sur des techniques et outils déjà créés par des pirates informatiques.
Les réseaux de communications furtifs permettront aux activistes de pays comme l'Iran, la Syrie et la Libye de communiquer avec l'extérieur sans que le gouvernement puisse même les détecter, selon des participants à ce projet cités par la New York Times.
Dans un des projets les plus ambitieux, le département d'Etat et le Pentagone ont consacré au moins 50 millions de dollars pour créer un réseau indépendant de téléphone mobile en Afghanistan utilisant des tours sur des bases militaires protégées comme relais à l'intérieur du pays.
Ces efforts technologiques des Etats-Unis ont redoublé à partir du moment où, en Egypte, l'ancien président Hosni Mubarak, confronté à une vague de contestation massive, a décidé de couper internet peu avant d'avoir à quitter le pouvoir. Dernièrement, le gouvernement syrien a temporairement interrompu internet dans la plupart du pays pour empêcher la mobilisation des manifestants.
"Pour faire entendre leur voix"
L'initiative de l'administration Obama est dans un sens un nouveau front dans les efforts diplomatiques américains menés de longue date pour défendre la liberté d'expression et encourager la démocratie.
"De plus en plus de personnes utilisent Internet, les téléphones portables et différentes technologies pour faire entendre leur voix et leur protestation contre des injustices", souligne la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, dans un e-mail au New York Times. "Nous nous concentrons pour aider les gens à parler aux autres, à leur communauté, à leur gouvernement et au monde."
Durant des décennies, les Etats-Unis ont produit des émissions de radio diffusées dans les pays autocratiques par le biais notamment de "Voice of America". Plus récemment, Washington a apporté son soutien au développement de logiciels qui préservent l'anonymat des utilisateurs dans des pays comme la Chine et pour former des citoyens de ces pays afin de faire passer des informations via le réseau internet contrôlé par le gouvernement sans être détecté.
source -> http://hightech.nouvelobs.com/