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pour ceux que ça intéresse...




















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sous la plume du «préfet de discipline du souverainisme officiel»*;
voici un échange entre JFL et PKP

#2. Au moment du lock-out, les pages opinions du Journal de Montréal étaient équilibrés, de la droite à la gauche. Aujourd’hui, la droite règne. Va-t-il rééquilibrer en fin de conflit?

C’est Non. Il affirme au contraire vouloir faire contrepoids à la “plateauisation” de l’information et veut pour preuve de la justesse de cette stratégie le vaste lectorat du Journal. Lectorat qui était pourtant tout aussi nombreux lorsque des plumes de gauche, très “plateau” (Nuovo, Bazzo, Grey, Payette) sévissaient dans le quotidien. (Notons pour nos lecteurs non-montréalais que le plateau est le quartier résidentiel le plus proche de plusieurs grands médias, dont TVA, Radio-Can, La Presse, Le Devoir et Astral Média.)

#3. Accepte-t-il de prendre de la distance face à la couverture médiatique et de garantir l’indépendance des salles de nouvelles ?

C’est Non. Il réaffirme le droit de l’éditeur d’intervenir dans la couverture (donc non seulement dans l’expression de l’opinion). Pour le JdeM l’éditeure est Lyne Robitaille, la vice présidente Est du Canada Sun Media. La question portait plutôt sur l’intervention du propriétaire.

Évidemment il y a des précédents. L’américain Hearst en est l’archétype. Mais la tradition québécoise récente tend à distancier le propriétaire de la direction de l’information — celle qui dirige en effet les journalistes qui, PKP a raison, ne sont pas des coiffeurs. M. Péladeau semble penser que cette courroie de transmission du propriétaire vers la couverture journalistique est courante à La Presse, ce que ne confirment pas nos informations de première main pour la période couverte par la présence de l’éditeur Guy Crevier. Il donne aussi l’exemple du quotidien Le Devoir, mais la propriété très diffuse de ce quotidien lui épargne toute pression extérieure dans la définition de sa couverture. Les éléments d’information avérés dont nous disposons permettent de conclure que le niveau d’intervention du propriétaire dans la direction de la couverture journalistique à Quebecor est, dans le Québec contemporain, exceptionnel.

sous la plume de Patrick Gautier

La solidarité, qu’ossa donne?

Plus de quarante ans après avoir été un acteur important du vent de changement qui a soufflé sur le Québec des années 1960, Yvon Deschamps retourne sa veste. Lui qui dénonçait les abus du patronat dans l’un de ses numéros les plus célèbres n’a pas hésité à franchir une ligne de piquetage la semaine dernière.

Pendant que les 253 membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal, en lock-out depuis bientôt 23 mois, tentaient de convaincre les Québécois de venir les appuyer dans leur lutte en participant à une grande marche de solidarité, l’humoriste leur crachait au visage en accordant une entrevue au Journal de Montréal.
Pire : il justifiait la perte de sa solidarité sociale qui, nous semblait-il, l’animait encore, en invoquant une autre solidarité, mercantile celle-là. « J’ai plutôt décidé d’être solidaire des artistes avec qui je travaille, qui ont besoin du Journal de Montréal », déclare-t-il.

Rappelons que dans une récente chronique, je disais pouvoir comprendre qu’un artiste fasse le service après-vente d’une création collective. Je pensais à un film, par exemple. Ou à une pièce de théâtre. Si le succès d’une œuvre collective repose sur les épaules d’une vedette, on peut comprendre que ladite vedette ne puisse faire porter les conséquences de sa conviction au reste de l’équipe.

Là, l’humoriste supporte une création narcissique, mettant en vedette un gars qui a fait fortune en faisant des pubs et mise en scène par quelqu’un qui a signé le plus gros spectacle de l’histoire du Cirque du Soleil. On ne parle pas d’artistes dans le besoin, mettons...

Équilibrées, les forces ?
Mais Deschamps va plus loin : le temps aurait équilibré les forces entre les travailleurs et les patrons et son célèbre monologue de 1968 – Les unions, qu’ossa donne ? – n’aurait plus sa pertinence aujourd’hui. On se demande donc pourquoi le remonter, mais ça, c’est un autre sujet. Mais laissons la parole à l’humoriste : « (...) depuis tout ce temps, il y a eu un bon équilibre entre les ouvriers et le patronat. Ça n’aurait plus sa place, sauf pour le cas des pauvres femmes immigrantes dans les manufactures ou usines, qui se font encore exploiter, ces pauvres petites. C’est pour eux qu’il faut se battre. »
Heille, Yvon ! Le Québec est peut-être plus juste et égalitaire qu’il y a quarante ans, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à un véritable équilibre des forces.

Chaque mois, l’assemblée du Conseil central du Montréal métropolitain reçoit par exemple des représentants de groupes communautaires venant en aide aux travailleurs immigrants, aux femmes en difficulté, aux jeunes qui arrivent sur le marché du travail, aux étudiants qui tirent le diable par la queue... bref, aux plus poqués de notre société. Chaque jour, encore aujourd’hui, des patrons abusent de leurs travailleurs. Parfois ils sont pauvres. Parfois femmes. Parfois immigrants. Et, oui, parfois les trois.

La solidarité, qu'ossa donne? Pas grand-chose, selon Yvon Deschamps. Photo d'archives Pascal Ratthé
La tête dans le sable
En octobre, une vingtaine de lock-outées du JdM étaient à Rimouski pour marcher pour les femmes. J’y étais. La liste des combats toujours à faire est sidérante. Réduire l’ensemble de ces combats à celui pour libérer les « pauvres femmes immigrantes dans les manufactures », c’est au mieux se mettre la tête dans le sable, au pire faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle crasse.

Le mouvement syndical n’a pas la tête dans le sable et continue de se battre. Pour les immigrés. Pour les femmes. Pour les jeunes à qui on impose des clauses « orphelins » et pour les vieux qu’on harcèle vers la retraite, pour ensuite les forcer à reprendre une job de misère pour joindre les deux bouts...

Nous, les lock-outés du JdM, on se bat, oui, pour conserver nos conditions de travail, méritées. On se bat aussi pour la qualité de l’information, essentielle. Mais on se bat surtout pour empêcher un boss de mettre à la rue des femmes qui ont sacrifié 25, 30, 35 ans de leur vie pour ce journal. Des femmes qu’on a commencé à intimider deux ans avant le lock-out en les menaçant de déménager leur job en Ontario. On ne parle pas des mêmes choses, mais ce combat devrait interpeller, du moins un peu, un homme qui a consacré une partie de sa vie active à promouvoir Le Chaînon, qui vient en aide aux femmes en difficulté.
C’est pour ça qu’on se bat, Yvon. Vous, vous avez cessé de vous battre. Vous, vous voulez vendre des tickets de shows...


pendant ce temps, à la dernière session de l'assemblée nationale, certains ont fait des efforts pour ne pas que l'assemblée ne devienne un tribunal populaire

* l'expression est de M. Facal